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22/07/2014

Le professeur, la Toile et l'entropie

 Attention, ami lecteur, aujourd'hui je me lance dans une analyse de haute volée. Pourquoi-pas ? Tu sais qu'un nain peut voir plus loin qu'un géant, à condition de monter sur ses épaules. Tu as vu que je ne m'en prive pas. Ces derniers temps c'était Jaurès. Aujourd'hui, les épaules que je vais utiliser ne sont pas aussi prestigieuses, mais ce sont quand même celles d'un professeur à la Stern School of Business de l'Université de New-york. « Joshua, que veut dire Stern ? - D'après le Harraps, ça veut dire sévère.

 - Alors le Pr Sundararaja ne plaisante pas. »Il commence1 d'abord par rappeler ce que pourrait penser un martien de l'économie des terriens. D'après Herbert Simon « elle lui apparaîtrait bien moins comme une éco-nomie de marché que comme une ''éco-nomie d'organisation''. Les martiens n'exis-tent pas, mais je peux te dire qu'un habitant de Dzêta-1-4 du Réticule serait entièrement d'accord. La loi du marché est entièrement faussée par la puissance des multinatio-nales. Les supermarchés imposent leur prix au cultivateur, Tati fait pareil en Asie... et fait donc travailler des enfants... Et en plus, ces multinationales ne payent presque pas d'impôts, ou même, pas du tout2. « l'essentiel des transactions de marché se déroulent entre entreprises et non entre individus. » Si bien que le génial Adams a tout faux : sa main invisible est paralysée. Je dis du bien d'Adams c'est que, si je suis contre l'ultralibéralisme qui s’impose au-jourd'hui, je suis pour un libéralisme con-trôlé, autrement dit libertaire. Et aujour-d'hui, je me demande ce qui est pire, la propriété privée des moyens de production et d'échange, en temps que telle, ou l'énorme centralisation et l'absence totale de gestion démocratique qu'elle entraîne. Qu'en penses-tu ? J'attends les commen-taires des marxistes chevronnés ?Bon, revenons à nos montons. Sundararajan – quel joli nom ! - montre qu'il y a un grain de sable dans le mécanisme bien huilé du capitalisme moderne. C'est la Toile qui l'a introduit.« Depuis une dizaine d'années, nous assis-tons ainsi à l'émergence de nouvelles institutions qui facilitent une plus grande variété d'échanges économiques directs entre agents économiques individuels. […]

Aujourd'hui, plus de 20% de la main-d’œuvre américaine est indépendante, c'est-à-dire non employée par une organisation traditionnelle, et ce chiffre est en croissance rapide. […] L'émergence de ces nouveaux ''systèmes de fourniture ouverts'' a suscité un débat autour de leur structure de propriété : société par actions ou coopérative ouvrière ? »

Le ver est dans le fruit! Les terriens ont bien des défauts, mais quand on leur donne la possibilité d'aller vers plus de décentralisation, plus de démocratie, ils en profitent aussitôt. C'est la loi de l'entropie des processus de décision. Même si elle bégaie un peu, cette entropie ne peut qu'augmenter : à long terme, la démocratie triomphe toujours.

La révolution numérique dont parle l'auteur va-t-elle amener une révolution sociale ? Il faudra en plus un autre grain de sable un changement des mentalités !

Pierre Otchick.

1 Le Monde du 18 juillet 2014, Eco&entreprise p. 7.

2 Voir ou revoir 'Évasion fiscale' ce soir à 20h50 sur Arte.