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03/02/2020

Vanessa Springora

 L'être humain est vraiment un drôle d’animal.  On ne le voit jamais dans le juste milieu.  Il passe toujours d'un extrême à l'autre. C'est particulièrement vrai en matière de sexe. Philippe Brenot l’a très bien analysé dans sa très sérieuse histoire du sexe1. Ce n'est qu'une alternance de périodes de liberté et de répression. 

 C'est bien le cas avec l’affaire Gabriel Matzneff. Maintenant que cela se tasse, on peut essayer de dédramatiser le débat.  En moins de 2 générations on est passé d'une incroyable tolérance à un véritable scandale médiatique. Vanessa Springora est la première étonnée. Ceux qui s'étaient tus il y a 30 ans sont les premiers à crier leur indignation. Jusqu'à vouloir inquiéter Bernard Pivot pour avoir reçu l'écrivain !  Jusqu'à vouloir interdire tous ses livres.

Là, je ne suis pas d’accord. Même Mein Kampf peut être édité.  Il suffit d’avertir le lecteur. Et de faire confiance à son esprit critique. La censure nous prend pour des gamins.

Mets il n’y a pas que là où je ne suis pas d'accord : on mélange tout.

Par exemple à « la Grande Librairie » (je crois que c’était le mercredi 15 janvier) François Busnel a particulièrement insisté pour faire dire à Vanessa Springora qu'un consentement donné par une gamine de 14 ans n'a pas de valeur. C'est entendu, comme le veut la loi, le jour de ses 15 ans, le Saint Esprit lui tombe dessus et elle est pleinement avertie. L’adulte peut faire ce qu'il veut… avec son consentement.

La réalité est plus subtile. Je vais te faire une confidence. Il m'est arrivé d'avoir une grande amitié avec une gamine de 14 ans alors que j'aurais pu être son père. Un jour, elle m'a proposé de la déflorer. Bien sûr, elle ne m'a pas dit les choses comme ça. J’aimerais être un véritable écrivain pou trouver la délicatesse, les nuances, pour traduire sa fraîcheur, sa spontanéité… mais ce n’est pas mon propos aujourd'hui. Je vais t’étonner, mais je ne me suis pas senti capable de prendre la responsabilité d'une chose aussi sérieuse. Qui, à mon avis, peut Impacter toute une vie. Bien plus tard, elle m'a annoncé que « c'était chose faite » et que je n'avais plus à avoir les mêmes scrupules. Cinquante ans après notre amitié est toujours intacte.

 Le problème n'est pas la date butoir de 15 ans. Je suis persuadé, qu’un an plus tard Vanessa Springora aurait été tout autant traumatisée. Elle a reproché à sa mère de n’avoir pas réussi à lui interdire cette relation. Ce n'est pas là qu’était l’erreur. Il aurait fallu lui donner tous les outils pour qu'elle sache qui il était : un pervers incapable de répondre à un amour sincère.

 Et d'autres Individus sont dangereux pour des filles bien au-delà de 15 ans. Comme moi, tu connais sûrement bien des femmes qui ont été détruites pour avoir offert leur pucelage, par amour, à quelqu'un qui avait juste envie de « tirer un coup ».

Légiférer n'est pas la solution. Il faudrait que le juge réponde au cas par cas. Il n’en a ni le temps, ni les moyens. Je sais que je rêve.

Mais il y a une chose dont je suis sur, et ça n’a rien à voir avec Vanessa, c’est qu’il faut commencer par arrêter à apprendre aux enfants à vénérer l’autorité, mais au contraire, à savoir dire non. Il y aurait beaucoup moins de… consentements.

Pierre Otchick



1 Une Histoire du Sexe (avec Lætitia Coryn) Les arènes BD éd.

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