Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/05/2011

Privatisation des individus

Note de lecture

 

On abandonne tous les terrains collectifs, on se replie sur son existence individuelle ou micro-familiale, on ne se soucie de rien qui dépasse le cercle très étroit des intérêts personnels. Ce mouvement est encouragé par les couches dominantes ; non pas qu’il y ait, évidemment, une conspiration, mais il y a toute la dynamique du système. La société de consommation, c’est cela : achetez un nouveau téléviseur, et taisez-vous ; achetez un nouveau modèle de voiture, et taisez-vous. Même la prétendue libération de la sexualité va en partie dans ce sens. Vous voulez du sexe ? Eh bien, voilà, on vous donne du sexe, on vous donne plein de porno, et terminé. Il en est ainsi au plan économique, mais il en est ainsi aussi au plan politique : c’est ce qu’exprime la bureaucratisation de toutes les instances de la vie collective. Faites-nous confiance, on est les experts, on est les techniciens, on est le parti qui défend vos intérêts. On est le Président que vous avez élu, on est le gouvernement que vous avez porté au pouvoir, donc faites-nous confiance et laissez-nous faire ; vous verrez au bout de quatre ou sept ans. Tout cela encourage l’apathie des individus, tout cela détruit l’espace public comme espace d’activité collective par laquelle les gens essaient de prendre en charge leur propre destin.

Cornélius Castoriadis, Les significations imaginaires 1982, dans Une société à la dérive, page 90, éd du Seuil, 1995

Les commentaires sont fermés.