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23/05/2011

Matérialisme et délinquance

Mon dictionnaire anarchiste

 

Délinquance

 

On a du mal à imaginer les conséquences qui pourraient résulter d’une application à la lettre de la thèse d’Offray de La Mettrie et des autres matérialistes (voir matérialisme). Si notre « âme » n’est que matière, c’est-à-dire si notre comportement, nos pensées ne sont que le résultat de phénomènes physico-chimiques – c’est ce que nous dirions aujourd’hui – où est notre liberté, notre responsabilité ? A la rigueur, on peut admettre avec Cornélius Castoriadis, être à 95% le produit de notre histoire et de notre environnement – et ce n’est pas facile à admettre – mais il nous reste ce 5% d’autonomie : « je peux toujours décider d’aller à gauche ou à droite, et c’est moi qui décide ». Mais, qui est ce moi ? Qu’est-ce que cette liberté ?

Pour un matérialiste, l’homme est une machine consciente, capable de se programmer, de se reprogrammer elle-même. Et la richesse et la complexité de ses programmes est telle qu’elle donne une trompeuse illusion de liberté. Pour s’en donner une idée, il faut voir un informaticien s’exclamer « Qu’est-ce qu’elle m’a encore fait, cette fichue bécane ? » (Remarquez en passant que quand on est agacé, l’ordinateur devient féminin). Et pourtant, la complexité de la machine n’est rien en comparaison de celle de l’homme. Mais notre amour-propre rechigne à nous reconnaitre totalement déterminé.

La question qui se pose au scientifique est de juger de la liberté d’autrui, en particulier de celui qui est nuisible pour la société. Il est alors nécessaire d’évaluer doublement sa liberté d’action : d’abord « Pouvait-il agir autrement ? », afin de déterminer s’il est capable de se reprogrammer (et non de le reprogrammer) : « Peut-il agir autrement ? » et ensuite de déterminer le degré de liberté qu’on peut lui attribuer pendant ce temps. Ce comportement est en complète rupture avec notre justice médiévale. En effet, quoi de plus antiscientifique que de confier à des jurés le soin de déterminer ‘en leur âme et conscience’ si le prévenu est coupable, de définir une sanction valable pour des décennies, en niant toute possibilité d’évolution de l’individu et en l’enfermant dans des conditions propres à le faire plutôt régresser.

Imaginez une planète qui n’a pas connu les trois religions du livre et leur cortège de culpabilité, qui les a remplacées par une religion de la Nature, d’ailleurs en voie de disparition, qui a développé pendant des millénaires, une culture matérialiste, une planète qui n’a pas connu d’empire romain et qui n’a donc pas sacralisé le pouvoir central. Comment traiterait-elle ses délinquants. Eh bien il suffit d’aller voir, car cette planète existe. C’est la quatrième de Dzêta-1 du Réticule. Sur Dzêta-1-4 il n’y a pas de distinction entre criminel et aliéné, entre voleur et psychopathe. La sanction existe, puisqu’il faut amener le responsable à une plus grande prise de conscience, mais elle est partie intégrante du traitement et elle n’entraine pas toujours une privation de liberté. Sur Dzêta-1-4 on voit des auteurs de crimes passionnels libres au bout d’un an ou deux et des escrocs suivis presqu’une vie entière. Mais la différence réside surtout dans la prévention qui résulte de cette démarche scientifique. Elle a profondément influencé l’évolution de la société qui s’est recentrée sur une recherche de relations épanouissantes entre les individus. Le travail et la consommation sont devenus des moyens secondaires au service du bonheur et non plus des buts. Mais ceci est une autre histoire. Peut-être vous la conterai-je un jour !

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