Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/12/2014

Le cigare, le castor, et les indulgences I

Ami lecteur, Mère Nature n'est pas gentille avec moi. Ça fait une douzaine de jours qu'elle m'a empêché de venir bavarder avec toi. Je ne sais pas si ça t'a manqué... moi si.

Samedi, j'étais plongé dans la lecture du dernier Antoine Peillon. Tu sais, je t'en ai parlé, c'est “Corruption”. Il faut absolument que tu le lises. Tu peux l'ouvrir à n'importe quelle page, c'est un vrai roman policier. L'inconvénient, c'est qu'il faut avoir le moral, parce que c'est pire que tout ce que tu avais pu imaginer : notre société est en pleine régression! J'essaierai de t'en reparler.

Aujourd'hui, j'ai eu envie de prendre l'air. Le hasard – je devrais dire Mère Nature - a fait que, pour l'instant je ne suis qu'à quelques km du centre de Blois.  Je suis donc aller le découvrir. Il y avait un monde fou, beaucoup de bruit. J'ai donc fui vers le bord de la Loire. Non sans m'être offert un petit plaisir.  Ça fait 50 ans que je ne fume plus, mais de temps en temps je me paye un petit cigare. Il m'a fallu demander au buraliste de me l'allumer puisque, évidemment je n'ai jamais de briquet sur moi. Il m'a coupé le bout et est gentiment sorti avec un briquet. Curieusement, pour les briquets, il n'avait que l'embarras du choix. Je me suis donc dirigé tranquillement vers les quais et, chemin faisant, j'ai été tout étonné qu'une jolie fille me demande si j'avais du feu. Je lui ai expliqué que je ne fumais plus et que j'avais été obligé de demander au buraliste de m'allumer mon cigare. Elle m'a regardé d'un air bizarre. Je pense que si j'avais essayé de la draguer, je n'aurais eu aucun succès.

Bref, je me retrouve au bord de l'eau à regarder des canards. La veille, sur l'autre rive, j'avais vu un cygne qui refusait de se laisser photographier en entier : il fouinait dans la vase et ne s'arrêtait, à chaque fois, qu'une fraction de seconde pour reprendre son souffle. Un peu plus tard, c'est moi qui ai eu le souffle coupé : un castor batifolait sur le bord. J'avais bien vu un arbre abattu avec les traces de dent caractéristiques, mais je pensais qu'ils sortaient surtout la nuit. J'étais heureux comme un poisson dans l'eau. Il n'y a pas besoin de voiture ou de TV pour être heureux ! Que dis-tu ? On ne voit pas de castors tous les jours ! Bien sur ! Mais je t'affirme que j'étais déjà heureux avant. Le castor c'est juste la cerise sur le gâteau.

Revenons à nos canards. Ils ont été suivis par trois jeunes algériens. Non, pas dans l'eau, sur les marches d'un escalier. Ils fumaient tranquillement leur clope. Jeleur ai demandé s'ils aimaient le cigare. Ils m'ont répondu qu'ils n'en avaient jamais fumé. L'un voulait savoir si c'était bon. Je lui ai dit “Oui, un bon cigare, c'est bon. Mais pas celui-là.” J'avais choisi le premier prix et Mère Nature m'avait puni de ma pingrerie. C'était un véritable brule-gueule!

     Je peux gouter ?

     Bien sur!

     Oh, c'est fort !

Ils ont gouté tous les trois avec la même réflexion.

     Oh, c'est fort !

Le dernier m'a demandé si je le finissais.

     Non, tu veux le finir ?

     Oui.

Et il a tiré une taffe avec une volupté non dissimulée.

J'ai quitté le bord de Loire et je me suis enfoncé dans les petites ruelles et j'ai admiré leurs vielles façades étayées. J'ai envie de tout te raconter mais, pour aujourd'hui, je ne voudrais pas abuser de ta patience.

À demain alors... si Mère Nature le veux bien ! Oh, ça fait la troisième fois que je parle d'Elle. Pour un athée, c'est grave ! Faut que j'en parle à mon psy !

 Pierre Otchick.

Les commentaires sont fermés.