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14/01/2012

Télérama a vraiment viré sa cuti

Il n’y a que les vieux comme moi pour se souvenir de l’histoire de Télérama. Au début – la TV n’existait pas – il s’appelait Radio-Cinéma et se vendait à la porte des églises. Il était contrôlé par la hiérarchie catholique. Interdit d’approuver un film dès qu’une actrice était trop sexy. Je me souviens d’un lecteur qui avait carrément agressé la rédaction pour un décolleté un peu généreux sur la couverture : « On va tomber dans la bestialité ! » Je vous jure que c’est vrai ! Ne parlons pas des conflits entre la direction et sa tutelle. Jusqu’au jour où un directeur lui a dit merde. Evidemment il n’a pas dit ça, mais c’est ce que ça voulait dire. Alors qu’il avait conservé, et qu’il conserve toujours la même éthique le journal n’a plus été vendu à la porte des églises, mais le Télérama que j’aime était né.  Journal bourgeois, intello, un peu snob dans ses critiques, mais sincère et in-dé-pen-dant. Combien en reste-t-il à l’époque où Le Monde, Libé et même RUE89 ont été rachetés ?

Pourquoi je vous parle de ça aujourd’hui ? C’est la faute à Pierre Bourdieu ! Dans 9 jours on fête le 10ème anniversaire de sa disparition. Disparition ? Ce n’est vraiment pas le mot. Il n’a jamais été aussi vivant. Les nouveaux chiens de garde, un film qui illustre ses réflexions1 sur la servilité des médias vient de sortir. Télérama le critique cette semaine (n° 3235) et a même ajouté une page spéciale avec un titre que j’adore : Canard laquais ! On ne peut pas mieux dire que les journaux sont au service (les laquais) du pouvoir et du grand capital !

Mais, ce n’est pas tout ! Raisons d’agir et Seuil viennent d’éditer Sur l’état, son cours au Collège de France et le même Télérama lui a consacré 3 pages. Il n’est pas le seul. Médiapart est de la partie2. Et la droite aussi ! Pensez donc Pierre. Bourdieu a beau être mondialement reconnu comme l’un des, ou peut-être le plus grand sociologue du 20ème siècle, il a osé prendre parti contre la première contre-réforme des retraites, soutenu le mouvement des chômeurs… Alors Jean Beaudouin, le juriste,  ne se sent plus : « L’analyse sociologique de P. Bourdieu est réductionniste… Il a fait son mai 68 avec presque 30 ans de retard ! » Il aiguise son persiflage sur… Ce n’est plus moi qui parle, c’est Télérama !

Au fait, quelles sont ces thèses de P. Bourdieu ? Je n’en citerai qu’une3.

Son œuvre sociologique est dominée par une analyse des mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales. Bourdieu insiste sur l’importance des facteurs culturels et symboliques dans cette reproduction et critique le primat donné aux facteurs économiques dans les conceptions marxistes. Il entend souligner que la capacité des agents en position de domination à imposer leurs productions culturelles et symboliques joue un rôle essentiel dans la reproduction des rapports sociaux de domination

Rudolf Rocker4, Noam Chomsky5 et Cornélius Castoriadis6 ne sont pas seuls.

No comment !

1. Sur la télévision, suivi de L'Emprise du journalisme, Liber, 1996 

2. http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/030112/leta...

3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Bourdieu

4. Nationalisme et culture (1937), éditions CNT-RP et éditions Libertaires, 2008.

5. La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie, avec Edward Herman, Agone, 2008

6. Les significations imaginaires, dans Une sociétés la dérive, éditions du seuil 2005, p 32 par exemple.

 

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