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27/07/2014

Casanova, les gamines et la joie de vivre

« Dis, papa, ça t'arrive de faire des blogs où tu ne te révoltes pas ?

  • Ben oui, il y a mes coquines. Quand je trouve des initiatives positives, j'en parle. J'ai même parlé une fois d'un dîner républicain où il n'était question que de table, de bon vin et d'amitié.

  • Oui, mais ça t'arrive rarement! Tu devrais être plus souvent optimiste. »

No comment !

La vérité sort de la bouche des enfants. Je suis donc obligé de m'exécuter. Aujourd’hui je ne parlerai donc que de joie de vivre. Ça tombe bien, je suis en train de relire Mémoires de Venise. Ce sont des extraits de L'histoire de ma vie de Casanova1. C'est malheureusement l'édition de 1880 qui n'est pas fidèle au manuscrit. Les passages trop crus ont été édulcorés (joliment d'ailleurs) et on ne retrouve pas toujours le style de Casanova. L'esprit est quand même conservé. Tu peux en juger par cet extrait. C'est celui que j'aurais choisi et, comme par hasard, c'est celui que l'éditeur a imprimé sur la couverture.

« Ravi d'avoir savouré une jouissance que je venais de goûter complètement pour le première fois, je quitte doucement ma belle pour aller porter à l'autre un nouveau tribut de mon ardeur... Ménageant les approches, comme si j'avais craint de l'éveiller, je commençai par flatter ses sens, m'assurant qu'elle était aussi novice que sa sœur ; et dès qu'un mouvement naturel m'eut fait sentir que l'amour agréait l'offrande, je me mis en devoir de consommer le sacrifice. Alors, cédant tout à coup à la vivacité du sentiment qui l'agitait, et comme fatiguée du rôle simulé qu'elle avait adopté, elle me serra étroitement dans ses bras à l'instant de la crise, me couvrit de baisers, me rendant transports pour transports, et l'amour confondit nos âmes dans une égale volupté »

C'est pas beau, ça ? Ce que j'admire le plus, et que l'on entraperçois dans cet extrait, c'est la spontanéité, la gentillesse, l'air enjoué, la fraîcheur des gamines qu'il a conquises (Casanova avait 17 ans). On cons-tate, non seulement une absence de tabous, mais une approche de la sexualité saine, dépourvue de la vulgarité contemporaine. Comme la démocratie, les mœurs évoluent par a coups et même avec des retours en arrière. La révolution sexuelle a encore du travail à faire pour retrouver cette fraîcheur.

Pierre Otchick.

 

1 Éditions Garnier et Le Monde, 384 p ., 6,90 €.

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