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28/08/2015

L'ordinateur et la langue d’Ésope

Le commentaire d'Eldebé à propos de ma bafouille sur Proudhon, Jaurès et Gandhi m'a fait réfléchir. Oui, ça m'arrive, même si très souvent j'écris d'instinct.

Mon honorable contradicteur se demande si Rifkin n'est pas un peu naïf. Lui répondre sur ce point nécessiterait presque un bouquin. Si j'ai bien compris, il justifie son interrogation en se demandant si la poussée de l'esprit communautaire n'est pas en contradiction avec l'explosion de l'informatique.

Bien des faits lui donnent raison. Je me souviens d'un journaliste qui voulait faire une étude sur l'impact de l'informatique sur les conditions de travail. J'ai malheureusement oublié son nom. Il pensait que l'apparition de l'ordinateur individuel allait démocratiser la répartition du travail, donnant plus de liberté, de responsabilité à chaque individu. Deux ans après, il déchantait. « C'est tout l'inverse qui s'est passé ! » Les cheffaillons en ont profité pour augmenter leurs interventions, leur contrôle, bref, leur pouvoir ! C'est un bel exemple de la connerie des terriens. Mon ami Tournesol dirait qu’actuellement, les forces centripètes de la hiérarchie, du centralisme, l'emportent sur «  le développement centrifuge des communaux », pour employer l'expression d'Eldebé.

Heureusement, comme l’État, l'informatique a deux bras. Ésope dirait que, comme la langue, l'informatique est la meilleure et la pire des choses. Tout dépend de ce que le terrien en fait. Dans notre culture actuelle, c'est le bras droit qui l'emporte. Il faut dire qu'aujourd'hui les terriens font tout pour montrer leur bêtise... et leur méchanceté. Je ne peux pas m'empêcher de penser aux 200 noyés de ce naufrage, cette nuit en Méditerranée, aux 71 morts dans ce camion abandonné. Il faudrait qu'on en reparle...

 

Bon, je me dépêche de penser à quelque chose de positif. Le bras gauche de l'informatique ? C'est la Toile. Elle n'a pas beaucoup de poids devant les forces qui nous gouvernent. Mais sa force croit de façon exponentielle. Tournesol me dirait que c'est un pléonasme : dans la nature, toute croissance est exponentielle, même si ce n'est que d'un pour cent. Ce phénomène, Rifkin l'analyse bien et cela gomme une bonne partie de sa naïveté.

Pierre Otchick.

15/08/2015

Proudhon, Jaurès et Gandhi

Rien ne se perd. Chassez le naturel, il revient au galop. Les écrits de Proudhon se perdent dans la nuit du temps. Ce n’est pas un hasard : la pensée unique nivelle tout. Et si elle est contestée, c’est pour tomber dans un autre dogmatisme. Tu en fais l’expérience tous les jours. Dès que tu critiques le capitalisme, on te répond que l’étatisme ne marche pas mieux, que le marxisme a prouvé ses défauts. Comme s’il n’y avait pas d’autre alternative ! Et des marxistes te diront que oui, puisqu'ils ont la vérité scientifique ! Bref, le débat stagne.

            Apparemment, oui. Mais c’est sans compter sur la pugnacité de Mère Nature. Mettez le naturel à la porte, il revient par la fenêtre. C’est le dernier livre de Jérémy Rifkin qui en apporte la preuve (La nouvelle société du coût marginal zéro, Les liens qui libèrent, 2015, 510 p., 26€). Cela fait des années que cet économiste intelligent – oui, ça existe – nous démontre que la Toile nous apporte une véritable révolution, et qu’il en décortique les effets aujourd’hui et à venir. Si je voulais résumer sa thèse en une phrase, je dirais que la Toile permettra la réalisation des idées de Proudhon. Evidemment, il ne le dit pas comme ça – aux Etats-Unis, l’anarchisme est encore plus tabou que le marxisme – mais c’est tout comme : il cite Gandhi. Il aurait pu citer Jaurès, mais il a eu la main heureuse. Ecoute plutôt (p. 162).

            L’indépendance doit commencer tout en bas. […] Chaque village doit s’autoalimenter et pouvoir gérer ses affaires, et même se défendre contre le monde entier. […] Cela n’exclut pas la dépendance de l’aide bien attentionnée des voisins ou du monde. Ce sera un jeu libre et volontaire de forces mutuelles. […] Dans cette structure composée d’innombrables villages, il y aura des cercles toujours plus larges mais jamais ascendants. La vie ne sera pas une pyramide où la pointe est soutenue par la base. Elle sera un cercle océanique dont le centre est l’individu.[…] La circonférence extrême n’exercera donc pas un pouvoir qui écrase le cercle intérieur, mais donnera force à tout ce qui se trouve en elle et en tirera sa propre force.

 

            Cela me parait une très belle définition de l’antropoarchie ou de l’anarchisme, comme tu veux.

 

Pierre Otchick.