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17/07/2015

Les capitalistes se défendent

Avant-hier je parlais du réveil des citoyens. J'aurais peut-être du insister sur le rôle des journalistes d'investigation. Jour après jour, Médiapart, Arte... enfoncent le coin en révélant scandale après scandale. Les grands de ce monde ont vu le danger et trouvé la réponse à ces empêcheurs de tourner en rond. Je cite

« Bientôt, les journalistes et leurs sources pourraient être attaqués en justice par les entreprises s’ils révèlent ce que ces mêmes entreprises veulent garder secret. 

Sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, le législateur européen prépare une nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme, le "secret des affaires", dont la définition autorise ni plus ni moins une censure inédite en Europe.

Avec la directive qui sera bientôt discutée au Parlement, toute entreprise pourra arbitrairement décider si une information ayant pour elle une valeur économique pourra ou non être divulguée. Autrement dit, avec la directive "Secret des Affaires", vous n’auriez jamais entendu parler du scandale financier de Luxleaks, des pesticides de Monsanto, du scandale du vaccin Gardasil... Et j’en passe.

Notre métier consistant à révéler des informations d’intérêt public, il nous sera désormais impossible de vous informer sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique de nos pays. Les reportages de "Cash Investigation", mais aussi d’autres émissions d’enquête, ne pourraient certainement plus être diffusés.

Avec ce texte, un juge saisi par l’entreprise sera appelé à devenir le rédacteur en chef de la Nation qui décide de l’intérêt ou non d’une information. Au prétexte de protéger les intérêts économiques des entreprises, c’est une véritable légitimation de l’opacité qui s’organise.

 

Si une source ou un journaliste "viole" ce "secret des affaires", des sommes colossales pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des milliards d’euros, puisqu’il faudra que les "dommages-intérêts correspondent au préjudice que celui-ci a réellement subi". On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays.»

15/07/2015

L'état, la mondialisation et l'entropie

Il y a 3 semaines, Télérama a posé LA question du siècle1 :« Que devient l'État devant la mondialisation ? ». Philosophes, sociologues, économistes cherchent à y répondre. Mon magazine préféré cite pas moins de 5 livres sur la question, parus ou à paraître. Ce qui me fait plaisir, parce que ça me conforte dans mon idée que le XXIème siècle est le nouveau siècle des lumières. L'inconvénient c'est que, quand j'y pense, je repars dans mon délire favori. Celui sur l'entropie.

Fidèle lecteur, tu te souviens peut-être de ma note « Le temps, la science, l'entropie et l'anarchie ». Ma fille m'a dit que c'était la plus farfelue de toutes. Tous ces livres apportent de l'eau à mon moulin. Je m'explique. Toute l'évolution de la société est dominée par l'opposition de deux forces que mon ami Tournesol a baptisées centripète et centrifuge.

La première domine le monde depuis toujours. C'est le pouvoir : l'état, le capital, les banques, le savoir...Depuis la monarchie, l'état règne sans conteste. L'exorbitant pouvoir de notre Président est loin d'être démocratique. Mais il est battu en brèche par la loi du marché au niveau mondial : les multinationales ont plus de pouvoir que lui. Sans parler du FMI et de la Banque Mondiale. L'autre nuit, ils viennent d'enculer le Premier Ministre grec. Non, le mot n'est pas trop fort : la preuve est encore faite que même la démocratie que je critique tant, n’existe plus.

La deuxième vient du citoyen. Ses revendications s'expriment par ses associations, syndicats, manifestations, réseaux numériques... Un peu aussi, mais de moins en moins, par les partis politiques et le vote. La tranche la moins favorisée de la population l'a bien compris puisqu'elle ne vote plus. Mais tout cela est en pleine évolution. Je cite Télérama.

Dans son livre Commun2, écrit ions de communs à tous les niveaux, avec le philosophe Pierre Dardot, Chhristian laval met en avant le retour du citoyen actif, impliqué dans tous les domaines dee la vie quotidiuenne, logement, santé, éducation, énergie. Les eeux auteurs motrent comment ce mouvement du 'commun', érigé en principe politique selon lequel les participants énoncent eux-même leurs règles de fonctionnment, peur devenir une alternative aux systèmes représentatifs actuels. Ils imaginent des fédérations de communs à tous les niveaux, jusqu'à l'échelle mondiale.

C'est curieux, ça me rappelle drôlement Proudhon. Je continue la citation.

« Nous espérons, précise Christian Laval, que des juristes, des politiques, des associations se saisissent de cette idée pour inventer, envisager quelles pourraient être les institutions les plus viables. C'est ainsi que se créent des mondes politiques nouveaux ». Dans un tel cadre, l'État et les administrations, les collectivités locales, les grandes métropoles, seraient pris dans un ensemble d'interdépendance et d'interactions, échangeant expérience et réflexions.

On a le droit de rêver, mais, après tout, le suffrage universel était un rêve ! L'entropie de la société serait-elle en train d'augmenter brusquement ?Alors, y a de l'espoir. Je vais attendre un petit peu avant de me suicider !

 

2 Commun. Essai sur la révolution au XXIème siècle, Pierre Dardot et Christian Laval, La Découverte, 2014

09/07/2015

Dogme, science et environnement

L'actualité est vraiment trop sérieuse ! Si on jouait aux devinettes ? Qui a dit :

«  L’environnement fait partie de ces biens que les mécanismes du marché ne sont pas en mesure de défendre ou de promouvoir de façon adéquate. »

Cécile Duflot ? Tu n'y es pas du tout ! C'est le Pape François ! Et il ajoute :

« Il faut éviter une conception magique du marché qui fait penser que les problèmes se résoudront tout seuls par l'accroissement des bénéfices des entreprises ou des individus. Est-il réaliste d'espérer que celui qui a l'obsession du bénéfice maximum s'attarde à penser aux effets environnementaux qu'il laissera aux prochaines générations. »

Cela me paraît crouler sous le bon sens et, parfois, le bon sens rejoint la démarche scientifique.C'est le monde à l'envers ! Le pape de l'économie française, celui qui, fier de son «prix  Nobel » fait la pluie et le beau temps dans toutes les universités1, celui qui devrait donner l'exemple d'une analyse scientifique n’arrête pas d'écrire des inepties2. La conclusion, c'est J-P Dupuy qui, après avoir cité le Pape, la donne3 :

« S'il y a dogmatisme, il est clairement du côté des économistes. »

Pierre Otchick

1Police de la pensée économique à l'Université, Le Monde Diplomatique, juillet 2015. , p. 16-17 ;

2 Le monde si simple de Jean Tirole, Le Monde Diplomatique, juillet 2015, p 16.

3 Le Monde du me 8 juillet 2015, éco&entreprise p. 6