Daech et le noyau de l'Idéal du Moi

 

Une amie m'a demandé ce que j'avais écrit sur mon blog à propos des événements du 13 novembre. Nada. Je n'avais pas voulu me mêler au flot quotidien des commentaires pondus par nos éminents journalistes. J'ai admiré l'art et la manière de remplir des pages, même quand on ne sait pas ce qu'il s'est passé. Comme disait Pierre Dac « Ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il ne faut pas le faire savoir ! ». Idem pour les photos. Même Le Monde nous a rempli des pages entières de photos qui n'apportaient aucune information. Beuve Méry, le fondateur du journal qui ne voulait pas de photos, a du se retourner dans sa tombe.

Ce que j'ai surtout remarqué c'est la volonté unanime d''éradiquer' Daech. Par des frappes massives, par exemple (hum, deux ou trois bombardements par jour!). Pourtant, éradiquer, ça veut dire couper la racine. Pour cela il faudrait d'abord comprendre. C'est ce qu'affirme Quentin Moreau dans le (R)évolution journal de ce mois de décembre.

« … n'est-on pas en droit de se demander si la seule véritable arme efficace et durable que nous pouvons déployer contre ceux qui veulent faire régner les ténèbres n'est pas l'intelligence elle-même ? Dès le lendemain du drame, la récupération politique battait son plein. 'Il faut punir les coupables, les traquer, les anéantir' disaient-ils. Certes. Il faut se défendre. Il faut punir.Mais il faut aussi, n'en déplaise à certains cerveaux binaires […] comprendre nos erreurs sociétales pour mieux contrer les mécanismes d’enrôlement. »

Tobie Nathan a montré sur Arté ( à 28 minutes) comment il était facile de faire basculer des individus fragiles (délinquants, adolescents) en proposant de les intégrer dans une communauté qui leur offre une certitude. Et il a ajouté « qui leur fait partager un secret ». A-t-il voulu faire allusion aux 72 vierges qui, au paradis, attendent le croyant mort en martyre ? Curieusement, cela m'a fait penser au comportement d'une femme amoureuse qui abandonne toute éthique personnelle pour épouser les croyances de son amant. Par exemple, cette collègue universitaire, d'origine chrétienne, qui se met à porter le voile. L'être aimé prends la place du noyau de l'idéal du moi. Oh, excuse-moi ami lecteur, ça m'a échappé. Tu n'as pas besoin d'hypothèses topologiques pour imaginer ce qui peux se passer dans la tête d'un jeune issu d'une banlieue défavorisée. La racine est bien sociétale, comme le dit Quentin Moreau. Tu vas dire que je répète toujours la même chose. Eh oui, qu'est-ce que tu veux, les petits vieux, ça radote.