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01/01/2013

Bonne année 2013, c’est possible ?

Fernand Comte nous a envoyé ses bons vœux. Comme d’hab, je n’ai pas pu résister à la tentation de vous en communiquer de larges extraits.

A l’occasion de ce début d’année, j’ai envie de vous faire partager à la fois souvenir et sentiment.

C’était en 1985. (…) J’avais travaillé avec Joffre Dumazedier, alors professeur à Paris V. [Il] avait réalisé en 1962, avec ses étudiants un livre qui avait eu un énorme succès « Vers une civilisation des loisirs ». Il y développait entre autres ce thème des trois D (délassement, divertissement, développement) nécessaires au travailleur, autant de sujets importants pour l’épanouissement de l’homme dans la société. Nous étions dans le projet de bien vivre, plutôt que du gagner plus.

(…) ce n’est qu’en 1841 que le temps de travail des enfants de moins de douze ans a été limité à 12 heures par jour, puis en 1848 à 6 heures. (…). Pour les adultes, la semaine de 48 heures et la journée de 8 heures ont été fixées en 1919. Mais la grande réforme à ce sujet a été réalisée en 1936 à la suite de l’arrivée au pouvoir du front populaire et de grandes grèves nationales : la semaine de travail fut alors de quarante heures et, innovation révolutionnaire, il était établi quinze jours de congés payés. (…) A la suite de cette décision R. Dommange prévoit faillites nouvelles et liquidation d’entreprise (…)

Il n’en fut rien. Les progrès de la productivité ont toujours rapporté plus aux employeurs qu’aux employés. Et ces mesures n’ont en rien ralenti la productivité.

Plus tard on a voulu imposer les trente-cinq heures en 98 et 2000 (…). Mais le patronat ne l’a pas vu de cet œil (…). Pas ou peu d’embauche supplémentaire, mais surtout nouvelle gestion du personnel. Il faut dire  que l’on n’était plus comme en 36 où la lutte des classes, c’est-à-dire en fait la grève générale avait fait la pression maximale. Cette réduction des heures de travail est devenue une compression du travail d’où stress, souffrance au travail, voire suicides. (…)

Cela a été une sorte de révolution à l’envers. Alors que depuis des années on assistait à une réduction systématique des conditions d’exploitation des humains, on assiste maintenant à « un grand bond en arrière » comme dit Serge Halimi.

(…) On parle de compétitivité mondiale (…): faire le plus de profit possible pour attirer les capitaux. On devra donc peu à peu faire pire que les plus grands exploiteurs du monde. Ainsi parle-t-on du coût trop élevé du travail,  pour ne pas dire franchement que les salaires sont trop élevés (sauf d’ailleurs ceux des gros chefs d’entreprise), que l’on ne travaille pas assez (sauf qu’il y a presque que 10 % de travailleurs au chômage).

(…) C’est la loi du plus fort. Jadis c’était la force physique qui s’imposait. Les rois en ont profité au maximum allant jusqu’à prétendre que Dieu en avait disposé ainsi. Il a fallu des révolutions pour les abattre. Maintenant le plus fort c’est le plus riche et il s’impose de la même manière prétextant que c’est là une loi de la nature. La question qui se pose : où en est-on au sujet de la démocratie ? (…)

Pierre Otchick.