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12/03/2015

Non à la démocratie

Le discours habituel est « Il faut plus de démocratie. ». Pas mal ! Il y a mieux : « La démocratie est à réinventer. ». Mais, tu me connais, ami lecteur, ça ne me suffit pas. Dans démocratie, il y a dêmos : peuple, et l'image d'un ensemble de personnes qui votent pour décider de quelque chose et je t'ai déjà raconté ce qu'en pensent les habitants de Dzêta-1-4 du Réticule1. Ils ne sont pas tout seuls. Tu n'as qu'a regarder le livre de Jacques Testard2. Tu le connais : Amandine, le premier bébé éprouvette, c’était lui ! Mais il ne reste pas le nez dans ses éprouvettes, il réfléchit... et ça va loin. Il donne le pouvoir aux dés... ou plus exactement à des citoyens tirés au sort. Je laisse la parole à l'éditeur.

Enfin une bonne nouvelle en politique : on peut se fier à la capacité des citoyens à raisonner et à décider dans l?intérêt public ! Ce livre explique pourquoi et comment?« Humanitude ». C'est ainsi que l'auteur baptise l'étonnante capacité des simples citoyens à comprendre les enjeux, à réfléchir, à délibérer et à prendre des décisions au nom de l'intérêt commun de l'humanité. Cet état transitoire se manifeste chez les personnes invitées à constituer des jurys citoyens pour proposer une solution à un problème d'intérêt général. L'humanitude est une propriété générale des êtres humains largement confirmée par l'expérience répétée des conférences de citoyens réunies à l'occasion de controverses sociotechniques. Jacques Testart propose d'exploiter cette capacité pour en faire un outil privilégié d'orientation et de gestion des sociétés humaines. Un protocole rationalisé et reproductible pour ces procédures est disponible sous le nom de convention de citoyens. L'auteur montre ensuite pourquoi et comment ce type de convention pourrait constituer une procédure ordinaire intervenant dans la plupart des choix publics fondamentaux : l'examen critique des programmes électoraux, les controverses sur des sujets de société, les choix à portée anthropologique tels ceux qui s'imposent à tous les humains pour les risques éthiques, écologiques et sanitaires liés aux innovations technologiques.

Sur ces derniers points, il a exposé sa position lundi (09/03/15) dans 28 minutes sur Arte.

Bref, beaucoup de choses à méditer...

1 Voir démocratie dans mon dictionnaire anarchiste.

 

04/03/2015

Adam Smith avait raison II

J'espère que tu n'as pas raté la 2 hier soir. Sinon, précipite-toi sur le replay[1]. Ça vaut le voyage. Figure-toi que même TV Grandes Chaînes – qui est loin d'être un magazine politique – lui a accordé la place d'honneur : la moitié de la page réservée à leur sélection de la semaine.

C'était d'ailleurs parfaitement mérité. Élise Lucet, comme d'hab, a fait très fort avec son Cash investigation[2]. On ne peut pas trouver meilleure illustration de ce  que je disais hier : Adam Smith avait affirmé que le libéralisme ne marchait pas pour la finance,  Élise Lucet le prouve.

Je t'explique. Tu veux faire fortune sur le dos des travailleurs ? Fastoche. Tu rachètes une entreprise en difficulté, Pages Jaunes par exemple. Tu n'as pas le cash ? Pas grave, tu l'empruntes (tu as l’entreprise en garantie) et tu rembourses avec le bénef. Il n'est pas suffisant ? Tu diminues les investissement de moitié. C'est pas assez ? Tu licencies du personnel et tu mets tout le monde sous pression. Résultat, 20% du personnel sous anxiolytiques ou antidépresseurs (4 fois plus que la moyenne nationale...  qui est déjà trop élevée), un suicide à la sortie d'une réunion de travail. Pas grave, le fonds de pension qui a racheté rapporte 20% par an. Pas mal, hein ? Il n'y a pas de meilleure condamnation du capitalisme financier.

C'est d'ailleurs ce qui ressort de l’entretien avec notre ministre de l'économie. Macron démontre qu'il ne peut pas faire autrement : pour attirer les capitaux il faut de bons profits ! Résultat : baisse des investissements, donc de la croissance, donc des emplois puisque le capitalisme ne peux pas vivre sans !  Ça s'appelle scier la branche sur laquelle on est assis. Et c'est, encore une fois, une belle condamnation du capitalisme.

Pierre Otchick.

P.S. Petit détail croustillant ; d'après TV Grandes Chaînes,  Élise Lucet était un cancre,  faisant l'école buissonnière, bac après rattrapage. Notre système scolaire a été incapable de reconnaître sa valeur. Pas d'autre commentaire !

 



[2] Quand les actionnaires s'en prennent à vos emplois.

03/03/2015

Adam Smith avait raison I

Oui, ami lecteur, aujourd’hui, je vais me faire le chantre du pape du libéralisme. Tu connais son axiome de base : la somme des égoïsmes individuels vise au bonheur de tous... grâce à la main invisible du marché. On n’arrête pas de nous le répéter ! Sauf que d'abord, Adam Smith raisonnait à l’échelle d'un pays... et que notre économie se mondialise de plus en plus et que surtout, il avait montré que ça ne peut pas marcher pour la finance. C'est vraiment curieux que nos édiles aient oublié ce petit détail... à l'heure du capitalisme financier !

C'est Arte qui apporte de l'eau au moulin de notre ancêtre, avec un docu assez ravageur. Les entreprises qui recherchent Le bonheur au travail[1] font une envolée spectaculaire (Télérama dixit) :

« Dehors, les petits chefs, toute cette hiérarchie intermédiaire chargée de contrôler les employés. Bienvenue à une nouvelle culture d entreprise : désormais, il sagit moins dexécuter des tâches que de prendre des initiatives. ». Rechercher le bonheur plutôt que la productivité s'avère... productif. Adam Smith avait raison.

Le problème, c'est que, au lieu de laisser faire la Nature qui pousse les hommes à chercher... le bonheur, nos dirigeants fonctionnent avec une idéologie 'impérialiste' et s'imaginent que la schlague donne de bons résultats. On en a la preuve tous les jours avec les gens qui se suicident au travail. Voilà un très bon exemple de l'interaction entre culture et économie : l'idéologie capitaliste agit contre son propre intérêt !

Quand inventera-t-on un système qui favorisera la gestion des entreprises par les travailleurs. J'ai connu un propriétaire de plusieurs et fructueuse écoles privées qui me disait « Si j'avais une usine, je la louerais au personnel. » Pas si bête ! 

 



[1] Diffusé le lundi 24 février à 20h50. Voir Arte.tv/bonheurautravail