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11/12/2012

Quand les rats quittent le navire…

C’est le museau au ras du sol, la queue entre les pattes, comme un loup vaincu ou un chien battu, que je me présente à toi ami lecteur. J’avais dit « à demain », et la nuit a duré… huit jours ! Mais je sais que tu m’as déjà pardonné : un extra-terrestre n’est pas forcément superman !

Revenons à nos moutons : Michaël Moglia, le conseiller régional PS Nord-Pas-de-Calais,  a quitté le parti… qui était pourtant son navire depuis 20 ans. Si j’en parle, c’est qu’il s’est expliqué, le 28 novembre, lors de la séance plénière de la région. Il a même écrit une longue lettre à Harlem Désir. Une perle. J’en donne juste un extrait.

Dès 2010, Benoit Hamon voulait substituer au mythe gentillet et creux de « l’égalité des chances » un retour à l’objectif historique de la gauche : l’égalité réelle entre tous les citoyens. Pour ce faire, il proposait une batterie de mesures sociales et sociétales ambitieuses.

Bien qu’ayant refusé d’adhérer à ce catalogue de mesure lorsqu’il était candidat aux primaires, François Hollande en avait finalement reprises plusieurs dans son programme présidentiel : le système d’attestations lors des contrôles d’identité, souvent vécus comme discriminatoires, l’encadrement strict des dépassements d’honoraires des médecins, le droit de vote aux étrangers pour les élections locales, la limitation des écarts de salaire de 1 à 20 dans les entreprises publiques. Sur chacun de ces sujets, le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault a soit renoncé purement et simplement, soit reporté les réformes sine die, soit affadi leur contenu jusqu’à les rendre inutiles.

La liste des reculades, des incohérences et des échecs ne s’arrête malheureusement pas là. Le Gouvernement a renoncé à exiger le non-cumul des mandats dès 2012, malgré les engagements pris et signés par l’ensemble des parlementaires socialistes. La loi sur le logement social a été retoquée par le Conseil Constitutionnel pour vice de procédure. On a laissé entendre aux Maires qu’ils seront libres de ne pas appliquer la loi sur le mariage pour tous. La TVA Sarkozy, dite « sociale », décriée à juste titre pendant la campagne électorale, est revenue sous une autre forme à l’occasion de la remise du rapport Gallois. Enfin, on devine que le projet — pourtant central dans le programme de François Hollande — d’une « grande réforme fiscale » ne sera probablement jamais mis en œuvre pendant le quinquennat.

 

Quand les rats quittent le navire… le naufrage n’est pas loin. Mais, je ne peux pas m’empêcher de me demander à qui profitera ce naufrage. Si j’en juge par les dernières législatives partielles, c’est l’UMP qui tire les marrons du feu. Les français n’ont rien compris. Evidemment, ils ne lisent pas le blog du Yéti… ni le mien ! Et si c’était le FN qui tirait les marrons du feu ? François Hollande a une sacrée responsabilité !

 

Au fait, Michaël Moglia n’a même pas fait allusion aux exploits de Manuel Valls. On en reparle demain ? Si vous le voulez bien !

Pierre Otchick.

03/12/2012

Le travail, F. Hollande, L. Gallois et la viscosité du monde II

Certains m’ont fait remarquer – gentiment – que ce VIème tome devait être sous le thème de la jouissance… et qu’il n’était pas tellement jouissif. En fait, je ne pense pas m’être éloigné du sujet. Hier, quand j’ai parlé du travail, je pensais à la jouissance au travail, cette jouissance… perdue ! « … l’évaluation individuelle des performances, la concurrence entre salariés… La ‘corporate governance’ - le management des hommes en fonction d’objectifs chiffrés – a […] tranché les liens collectifs et isolé les travailleurs entre eux et face à leur employeur. […]. Avec des morts… » (Alain Supiot et Olivier Pascal-Mousselard). Voilà la véritable cause de notre perte de compétitivité. Nos capitalistes n’ont même pas compris que la jouissance au travail était productive. Ils devraient se souvenir de l’histoire des indiens Guaranis. Quand les jésuites sont arrivés, ce peuple n’avait pas de propriété privée, pas de police, pas d’état. Nos braves pères ont eu l’intelligence de ne rien changer, et quand ils leur ont appris à exporter, leur canne à sucre était moins chère que celle produite par des esclaves. Ce qui a été la première cause de la plainte déposée auprès du Vatican et du massacre qui est magnifiquement raconté dans le film Mission. Oui, ceci est une autre histoire, mais elle est exemplaire.

Revenons à nos moutons. Je continue à citer O P-M : « Pour l’heure, souligne Supiot, il importe de « remettre de la viscosité »  dans un monde devenu trop liquide : de réinstaurer du temps long dans l’entreprise, en imaginant un système qui obligerait les actionnaires à s’engager pour une période minimale. D’offrir aux salariés certaines garanties en cas de cession de leur entreprise. » Et, comme je le citais hier, d’associer les employés à la gestion de leur travail.

À demain, si vous le voulez bien.

Pierre Otchick.

02/12/2012

Le travail, F. Hollande, L. Gallois et la viscosité du monde

Si ce titre vous parait sibyllin, je peux éclairer votre lanterne en vous donnant ceux auxquels vous avez échappé.

 - Télérama a vraiment viré sa cuti III

 - Le XXIème siècle, nouveau siècle des lumières VI

 - Et si les partis avaient trouvé leurs remplaçants ? II

Vous me suivez ? Ce n’est pas F. Hollande qui va révolutionner nos conditions de travail. Les partis ne sont plus des moteurs de réflexion et de transformation. Pourtant il n’y a jamais eu autant de bonnes idées qui courent le monde. Et même la France ! On les trouve sur la Toile, dans les livres, mais nos hommes politiques, trop occupés à caresser l’électeur dans le sens du poil n’ont pas le temps de lire, de réfléchir et encore moins de remettre en cause un certain nombre de soi-disant évidences. Qui fait ce travail ? Par exemple Télérama. Et je le prouve !

Pas plus tard que cette semaine Olivier Pascal-Mousselard a décortiqué pour nous pas moins de cinq livres sur le travail. Cinq auteurs qui ont jeté le pavé dans la mare. Et notre brave journaliste d’en rajouter : « Alors que le monde de l’entreprise est en pleine mutation, la gauche, empêtrée dans le libéralisme, peine à inventer une nouvelle organisation du travail. Plus humaine. » Et de citer les analyses de ces courageux penseurs.

Alain Supiot : « [le travail] exige de lui [l’être humain] une ‘réactibilité’ sans limite, en même temps qu’il le prive de toute réelle capacité d’agir librement à la lumière de son expérience professionnelle, et au sein d’une communauté de travail unie par l’œuvre à accomplir. » On ne peut pas mieux dire que le travail est parcellisé, détaché de sa finalité, en un mot déshumanisé. « […] les personnes ne sont pas des choses et on ne peut pas les traiter impunément comme telles. » 

Bruno Trentin : « … permettre au travailleur de participer aux décisions qui définissent [son] travail, ses qualités et ses limites. »  Et on en arrive au problème de la viscosité du monde. Comme c’est encore plus farfelu que mon idée d’entropie, avant de jeter un deuxième pavé dans la mare, je vous laisse digérer le premier. À chaque jour suffit sa peine, n’est-ce pas ?

A lundi si le cœur vous en dit.

Pierre Otchick.