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23/07/2014

Nous irons tous au paradis

C'est ce que se disent les entreprises états-uniennes et que nous raconte Le Monde du 18/071. La manip est simple. Par exemple, tu achètes un rival britannique. Tu déplaces ton siège social en Irlande, et tu ne payes plus que 12,5% d'impôts, au lieu de 35%.

Les capitalistes deviennent de plus en plus experts dans l'art de contourner le fisc. Arte avait rediffusé hier soir l’excellent docu sur l'évasion fiscale. Je l'avais vu avec intérêt. Je l'ai revu avec autant de plaisir. C'est la preuve que l'on peut parler avec humour de choses très sérieuses. Tu as 7 jours pour le reregarder et te révolter. Je cite au hasard.

Au Delaware, 285.000 entreprises dans un seul bâtiment (il suffit de déposer ses statuts). 800 milliards de dollars placé aux îles Caïmans par des états-uniens...

« Tout ce système désastreux créé il y a plusieurs décennies n'est plus adapté. La plupart des experts internationaux diront que ce système est en miettes et que les paradis fiscaux y sont pour beaucoup. […] Les inégalités augmentent à cause de cette incapacité à coopérer au niveau mondial et à imposer une règlement ion fiscale au niveau international »

Des solutions existent. La première serait de créer en France une loi analogue à la Loi Fatca appliquée aux Etats-Unis : obliger toutes les banques du monde qui ont le compte d’une entreprise française de nous la signaler et on la taxe au taux français. Tu vas me dire que ça ne résout pas le problème des comptes anonymes, des trusts... Ce serait un premier pas. Cela prouverait que nos dirigeants ont la volonté de s'attaquer au problème et de se battre pour obtenir la fin du secret bancaire. À notre époque, ce serait facile de créer une diffusion automatique des fichiers. Encore faut-il avoir la volonté de le faire. Faut-il que le peuple se révolte ?

Pierre Otchick.

 

1 Obama s'inquiète des expatriations fiscales à répétition des entreprises am »ricaines. Économie&entreprise p. 6.

22/07/2014

Le professeur, la Toile et l'entropie

 Attention, ami lecteur, aujourd'hui je me lance dans une analyse de haute volée. Pourquoi-pas ? Tu sais qu'un nain peut voir plus loin qu'un géant, à condition de monter sur ses épaules. Tu as vu que je ne m'en prive pas. Ces derniers temps c'était Jaurès. Aujourd'hui, les épaules que je vais utiliser ne sont pas aussi prestigieuses, mais ce sont quand même celles d'un professeur à la Stern School of Business de l'Université de New-york. « Joshua, que veut dire Stern ? - D'après le Harraps, ça veut dire sévère.

 - Alors le Pr Sundararaja ne plaisante pas. »Il commence1 d'abord par rappeler ce que pourrait penser un martien de l'économie des terriens. D'après Herbert Simon « elle lui apparaîtrait bien moins comme une éco-nomie de marché que comme une ''éco-nomie d'organisation''. Les martiens n'exis-tent pas, mais je peux te dire qu'un habitant de Dzêta-1-4 du Réticule serait entièrement d'accord. La loi du marché est entièrement faussée par la puissance des multinatio-nales. Les supermarchés imposent leur prix au cultivateur, Tati fait pareil en Asie... et fait donc travailler des enfants... Et en plus, ces multinationales ne payent presque pas d'impôts, ou même, pas du tout2. « l'essentiel des transactions de marché se déroulent entre entreprises et non entre individus. » Si bien que le génial Adams a tout faux : sa main invisible est paralysée. Je dis du bien d'Adams c'est que, si je suis contre l'ultralibéralisme qui s’impose au-jourd'hui, je suis pour un libéralisme con-trôlé, autrement dit libertaire. Et aujour-d'hui, je me demande ce qui est pire, la propriété privée des moyens de production et d'échange, en temps que telle, ou l'énorme centralisation et l'absence totale de gestion démocratique qu'elle entraîne. Qu'en penses-tu ? J'attends les commen-taires des marxistes chevronnés ?Bon, revenons à nos montons. Sundararajan – quel joli nom ! - montre qu'il y a un grain de sable dans le mécanisme bien huilé du capitalisme moderne. C'est la Toile qui l'a introduit.« Depuis une dizaine d'années, nous assis-tons ainsi à l'émergence de nouvelles institutions qui facilitent une plus grande variété d'échanges économiques directs entre agents économiques individuels. […]

Aujourd'hui, plus de 20% de la main-d’œuvre américaine est indépendante, c'est-à-dire non employée par une organisation traditionnelle, et ce chiffre est en croissance rapide. […] L'émergence de ces nouveaux ''systèmes de fourniture ouverts'' a suscité un débat autour de leur structure de propriété : société par actions ou coopérative ouvrière ? »

Le ver est dans le fruit! Les terriens ont bien des défauts, mais quand on leur donne la possibilité d'aller vers plus de décentralisation, plus de démocratie, ils en profitent aussitôt. C'est la loi de l'entropie des processus de décision. Même si elle bégaie un peu, cette entropie ne peut qu'augmenter : à long terme, la démocratie triomphe toujours.

La révolution numérique dont parle l'auteur va-t-elle amener une révolution sociale ? Il faudra en plus un autre grain de sable un changement des mentalités !

Pierre Otchick.

1 Le Monde du 18 juillet 2014, Eco&entreprise p. 7.

2 Voir ou revoir 'Évasion fiscale' ce soir à 20h50 sur Arte.

19/07/2014

L'enfant, le rasoir et le missile

Peut-on arrêter les guerres ? II

Quand j'étais gosse, un article de l'auto-journal avait frappé mon attention. L'auteur, un fana de la Dyna Panhard répondait aux lecteurs qui critiquaient sa fragilité. « On ne confie pas un chronomètre à un enfant ! » Aujourd'hui, les enfants jouent avec des smartphones qui possèdent un... chronomètre. Du coup, j'ai plutôt tendance à dire : "On ne confie pas un rasoir à un enfant." En disant cela je pensais au rasoir-couteau de mon père. On m'a fait remarquer que le quatre lames du commerce n'était pas tellement dangereux. Eh oui, tout évolue ! Et pour les armes, c'est l'inverse. Elles sont de plus en plus efficaces et dangereuses. Les derniers missile sol-air sont capables de dégommer un avion à plus de 25 km ! Sans compter les drones qui permettent de tuer sans danger. Le progrès va en sens inverse en rendant la guerre de plus en plus ''facile''.

Cela me fait penser à un tableau possédé par le grand-père d'un ami. C'était au tout début de la Société des Nations. Il existait déjà un mouvement pour un désarment mondial qui, comme on le sait, n'avait pas beaucoup d'audience. L'auteur du tableau avait présenté trois images. Sur la première on voyait des enfants se battre à coup de bâtons, sur la deuxième un adulte leur confisquait leurs bâtons et sur la troisième les enfants se battaient à coups de poings. J'ai trouvé que ce n'était pas idiot. Les terriens sont agressifs et ont besoin de ''sadifier'' leurs pulsions. Mais ce n'est pas du tout un argument contre un désarmement. Plus l'arme est sophistiquée et plus la sadification est faible. Appuyer sur un bouton ne décharge pas l'agressivité et, à contrario, facilite les erreurs humaines. Vous souvenez-vous de cet avion de ligne abattu par un missile français au nord de la Sicile. Il y a une bonne vingtaine d'années et on commence seulement à découvrir la vérité. Le pilote avait ordre d'abattre l'avion de Kadafi. Quand il a appris son erreur, il s'est suicidé.

Le Boeing de Malaisia Airline a-t-il été abattu par un missile ? De fabrication russe ? Pourquoi les israéliens ont-il tiré sur cette plage de Gaza et tué quatre enfants ? Les guerres deviennent de plus en plus horribles. Et tant que les terriens ne sauront pas l'éviter, il faut leur retirer leurs bâtons les plus dangereux. Les terriens sont des enfants méchants et on ne confie pas un rasoir à un enfant.

 

Il est urgent d'entreprendre l'interdiction progressive de certaines armes. La bombe atomique évidemment... pour commencer. Et de confier le contrôle des armées au peuple. Comme le proposait Jaurès. Là aussi, il y a des structures à inventer.

Pierre Otchick.