10/10/2012
La fabrique du consentement
L’allusion au livre de Noam Chomsky[1] n’est pas fortuite mais bien volontaire. Vous allez comprendre pourquoi. Ce week-end je discutais avec une cousine que j’avais perdue de vue depuis une éternité. Nous avons fait deux constats. Le premier c’est la convergence de nos points de vue dans tous les domaines : écologie, politique, religion… Le deuxième est que nous sommes entourés de gens qui partagent tous la même conviction : l’échec de notre démocratie, de nos partis politiques, des syndicats… mais surtout de notre système économique. Que ce soit de vive voix ou sur la toile le consensus est total, à tel point que l’on pourrait croire que tout le monde pense la même chose. Ce n’est malheureusement pas le cas. Il y a une résistance incroyable. Les terriens s’accrochent à leurs idées dogmatiques de façon religieuse. Je sais, je l’ai déjà dit. Je radote, c’est normal à mon âge !
Cette résistance n’est pas fortuite, elle non plus. Elle est fabriquée. Allez jeter un coup d’œil sur Acrimed (merci Pierrick). Mathias Reymond y explique la paresse des journalistes qui interviewent toujours les mêmes soi-disant experts, tous en pleine collusion avec le milieu des affaires. Je cite (vous n’êtes pas obligé de lire toute cette liste fastidieuse)
Si Philippe Dessertine est professeur de finance à l’université Paris-X Nanterre, il est aussi directeur de l’Institut de haute finance du groupe IFG. Christian Saint-Étienne est bien professeur d’économie, mais il est aussi conseiller municipal à Paris, élu sur la liste de Jean Tiberi en 2008, et consultant financier au sein de Conseil stratégique européen SA. Élie Cohen, directeur de recherche au CNRS et enseignant à Sciences Po Paris, est aussi administrateur d’Orange et du groupe Pages Jaunes. Jean-Pierre Gaillard est président d’une société de conseil et du Cercle des épargnants. Raymond Soubie est l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, il préside aujourd’hui la société de conseil en stratégie sociale Alixio, et est actionnaire majoritaire de l’agence d’informations AEF. Michel Godet, professeur au CNAM, est aussi membre du Comité directeur de l’Institut Montaigne (un think tank patronal), administrateur du groupe Bongrain, de l’association AGIPI et créateur du Cercle des Entrepreneurs du Futur. Nicolas Bouzou, directeur d’études du MBA Droit des affaires et management à Paris-II Assas, dirige également une société d’analyse et de prévisions économiques. […]
Les brefs curriculum vitae de ces piliers de « C dans l’air » révèlent la taille (réduite) du périmètre à l’intérieur duquel est traitée la question économique. Par leurs positions sociales, par leurs appartenances politiques, par leurs orientations idéologiques et, pour certains, par leur implication dans des entreprises privées, ils forment un groupe très homogène, assez représentatif de l’ensemble des économistes invités dans les médias. Mais beaucoup moins représentatif de l’ensemble des économistes, et encore moins de la diversité des analyses de la situation économique actuelle, de ses causes et des remèdes possibles.
No comment.
Pierre Otchick.
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05/10/2012
Celles qui aimaient jouer aux cartes IV
Allez, c'est le shabbat, jour de repos, pas le droit de travailler. Qu'est-ce que vous diriez d'un petit retour en enfance. On retrouve nos joueuses de cartes ? C'est parti !
Pour ceux qui prennent le rain en marche, vite, une piqure de rappel :
Celles qui aimaient jouer aux cartes III
Celles qui aimaient jouer aux cartes IV
J’attendais ce lundi avec impatience. La journée m’a paru encore plus longue que d’habitude. Six heures de cours, une heure de perm, l’enfer ! A cinq heures, toutes mes affaires étaient rangées et dès la sonnerie je me précipitai vers la sortie. Porte franchie le premier : facile, j’étais au premier rang !
Elles m’attendaient assises sur le bord du trottoir, devant le lycée de filles. Non elles n’étaient pas en seconde, mais à l’époque le mot collège était réservé au privé, et nous, on allait au lycée dès la sixième. Toutes deux avaient la jupe plissée bleu marine et le corsage blanc : l’uniforme des jeunes filles de bonne famille. Seule entorse an protocole, elles avaient des tennis blancs au lieu des traditionnels souliers vernis noirs.
Après un rapide tour d’horizon de nos activités du dimanche un long silence s’est installé. On se regardait tout en marchant, regards lourds de pensées qui n’arrivaient pas à s’exprimer. C’est Armel qui a rompu le silence.
- Tu ne devineras jamais ce qu’elle a fait hier !
- Tais-toi j’ai honte. Tu ne vas pas lui raconter ça ?
Ma tante nous avait invités à diner (traduction ‘à déjeuner ‘: le diner s’appelait ‘souper’). Après la messe, on est allé au marché. Chantal trouvait qu’il faisait trop chaud. Elle a demandé
- Je peux rentrer ?
Ma tante lui a dit oui mais de sonner plusieurs fois : - Parrain est surement au jardin !
- Arrête !
Imperturbable, Armel a continué.
« Ils ont échangé quelques mots et très vite Parrain a parlé du caleçon de dentelle (c’était le parrain de Chantal, mais tout le monde l’appelait Parrain).
Il m’a dit, un peu gêné que Maman lui avait reproché d’avoir acheté des sous-vêtements à sa filleule. Il s’est défendu en disant que ça allait avec la robe, que ce caleçon était très pudique, que Chantal n’était plus une petite fille, qu’à son âge on avait envie d’être belle, que c’était normal, que ça lui avait fait plaisir. Bref, comme Maman s’entend bien avec son frère, qu’elle sait qu’il n’avait pas de mauvaises intentions, ça s’est bien terminé.
Là il lui a demandé si vraiment ça lui avait fait plaisir, si elle se trouvait belle. Elle a répondu que c’était un super beau cadeau, qu’elle était ravie. Il a ajouté que si elle avait quelques années de plus, elle aurait pu faire un heureux en la personne de son fiancé. C’est vrai qu’à cette époque là, on se mariait beaucoup plus jeune et que si une jolie fille montrait ses charmes, ce ne pouvait être qu’à l’homme de sa vie. Mais le parrain n’avait pas dit ‘mari’. Il laissait sous-entendre des privautés préalables. Jamais une telle allusion n’aurait été possible dans ma famille ! Décidément, le tonton était très coquin et… en avance sur son temps.
- Et c’est là que Chantal a…
- Tais-toi. J’ai trop honte !
Elle reprit après un moment de silence.
- Pendant qu’il parlait, j’ai pensé à notre jeudi, au moment ou on était sur la table, à ton regard, j’ai rougi…
Et en disant cela ses joues s’empourprèrent à nouveau.
- Et elle a enlevé sa robe !
- Non ! Fallait pas le dire !
Un silence. Elle se retourna vers moi.
- Il parlait de faire un heureux. J’ai voulu que ce soit lui. Il le méritait bien. Et j’avais envie de retrouver le même plaisir que jeudi. Oui, j’ai enlevé ma robe !
À nouveau, un silence.
.../...
Pierre Otchick.
Si ça vous a plu, il ne reste qu’à demander la suite en commentaire sur ce blog.
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01/10/2012
La police est-elle là pour protéger le citoyen ?
Ou pour protéger les pyromanes ?
Les semaines se suivent et se ressemblent. Parmi tous les sujets d’actualité, je ne sais toujours pas où donner de la tête ! Alors je fais « Amstramgram, pique et pique et colégram ». Non, j’exagère : je choisis ! Mais qu’est-ce qui me prouve que mon choix est meilleur que de tirer au sort ? Peut-être pouvez-vous me donner votre avis… En attendant, je constate que je fais des fixations. Une semaine c’est Joseph Stiglitz, la suivante c’est l’industrie pharmaceutique et après ce sont les mafias. Cette semaine ça risque d’être Rue89 : aujourd’hui, j’ai compté pas moins de trois articles qui méritent le détour et un qui vaut le voyage. Allez-y ou alors écoutez !
Marseille, jeudi soir, 19 heures environ. Une trentaine d’habitants ont chassé des Roms du terrain qu’ils occupaient depuis quelques jours… « Dans la foulée, ces habitants ont incendié ce qui restait sur le campement après le départ des Roms, à savoir des vêtements et de l’électroménager. » Sous les yeux de la police qui n’est pas intervenue !!! Ce qui fait dire à Rue89 qu’on reproche à tort à Manuel Valls d’être intolérant. C’est pas vrai, il est vraiment tolérant !
No comment ? Que si ! Chaque période de crise a besoin de boucs émissaires. Et à chaque fois, on les fabrique de toutes pièces. C’est toujours celui qui est différent. Depuis 5 ans, c’est le musulman, le Rom. Et ça marche. En 36 en Allemagne c’était le juif. On sait ce que ça a donné. Si les médias et le gouvernement laissent faire, Mère Nature sait où cela peut nous conduire.
Je suis inquiet.
Pierre Otchick.
19:42 | Lien permanent | Commentaires (0)