16/06/2013
Le Droit de propriété
Fernand Comte a retrouvé une perle et nous en a fait profiter. Je voulais vous en donner quelques extraits mais comme tout est intéressant, je n'ai presque rien coupé. Bonne lecture.
Proudhon […] ne prône pas la propriété partagée mais propose de l'abolir pour tous, rendant tout son sens au concept d'égalité. […]
La propriété est définie dans la loi […] comme le droit d'user et d'abuser de la chose […]. Abuser implique, encore maintenant, qu'un propriétaire est le maître absolu de son bien. Il en dispose très librement, c'est un principe. "Le propriétaire est maître de laisser pourrir ses fruits sur pied, de semer du sel dans son champs, de traire ses vaches sur le sable, de changer une vigne en désert et de faire un parc d'un potager" et, en aucun cas, il n'est obligé d'agir en usufruitier responsable devant rendre un bien en l'état, pas même à ses propres héritiers. On sait comment l'état de la terre s'est dégradé. Chez d'autres peuples, moins obnubilés par la possessivité, souvent en d'autres temps, la terre n'appartenait pas à ses habitants qui l'empruntaient avec, pour devoir, de la transmettre intacte à leurs descendants. Ainsi, l'appropriation se montre anti-sociale, parfois même anti-écologique. […]
Doit-on laisser mourir, parce que c'est la loi (arbitraire du droit au sol), les futurs naufragés des îles menacées par la montée des eaux ou bien partager la terre, notre pays, avec eux ? Est-il juste de laisser vacantes des habitations vides alors qu'on meurt à la rue ? Dans le même ordre, que penser des destructions de biens alimentaires par les agriculteurs en colère quand d'autres individus ne peuvent manger correctement ? Et comment peut-on parler de surplus dans de telles conditions ? Les exemples ne manquent pas et on peut citer le problème de l'appropriation de l'eau un peu partout. […] "La loi, en constituant la propriété, n'a point été l'expression d'un fait psychologique, le développement d'une loi de la nature, l'application d'un principe moral : elle a, dans toute la force du mot, créé un droit en dehors de ses attributions ; elle a réalisé une abstraction, une métaphore, une fiction ". Pour sûr, ça chamboule et ça perturbe pas mal de nos habitudes mais Proudhon voit loin, il est anarchiste : plus de frontières, c'est simple. Supprimer jusqu'au sentiment de possessivité et toute la loi en est changée, pour ne pas dire supprimée. Le code civil perdrait la moitié de sa teneur et de son épaisseur. La vie n'est plus la même et il faut tout ré-inventer.
A l'heure de la nécessité impérative d'un développement durable de nos économies, la loi doit donc changer : user SANS abuser. Ce qui revient, en un mot, à supprimer le droit injustifié et arbitraire de propriété privée en tant qu'excès ou abus de possession. […] De plus, le simple fait d'évoquer l'idée de son abolition jette un trouble, même chez les plus démunis (comme si ça les privait de ce qu’ils n’ont pas ou n'auront jamais), sur toute notre représentation du monde et semble le faire s'écrouler tout entier. Car, abandonner le principe abusif, mais libéral, du droit de propriété reviendrait à remettre en cause la notion même de profit accumulatif du capitalisme. Or, on ne sait pas faire autrement et le profit comme moteur de l'économie a fait ses preuves : il crée bien des richesses. Oui, mais pour les riches seulement.
(D’après ALZAZ - Publié dans : Politoscopie Vendredi 28 novembre 2008)
Blog du dimanche 16 juin 2013.
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02/05/2013
Les terriens ont besoin de religion
Ami lecteur, quand je te disais que les terriens avaient un comportement religieux et pas du tout scientifique, tu disais que j'exagérais. Eh bien, dans le Nouvel Observateur de cette semaine Jean-Claude Guillebaud apporte de l'eau a mon moulin (n 2529, p 36). Et il n'y va pas avec le dos de la cuillère, c'est un torrent qu'il apporte. Tu te souviens peut-être qu'une amie, victime de la société de consommation, s'est abonné au Nouvel Obs pour recevoir en prime un mini ordinateur. Grâce à elle, toutes les semaines, si je ne lis qu'une page, c'est celle de ce brave J-C G. Et aujourd'hui, moi qui résiste à tout sauf à la tentation, je ne peux résister à l'envie de vous en parler. L'inconvénient c'est que j'ai envie de tout citer Essayons d'extraire la substantifique moelle. Répéter à un peuple qu'il est en dette depuis longtemps, c'est le désigner comme gravement coupable et l'inviter à faire pénitence. (...). La charge de cette dette, en effet, risque de "retomber sur nous et sur nos enfants" comme il est dit dans l'évangile (...). Cette longue souffrance sociale imposée aux citoyens s'apparente aux "macérations" pénitentes que recommandait au XVIIème siècle la spiritalité d'Ignace de Loyola. (...). Comme l'observait récemment mon confrère Bernard Maris, l'idée d'une croissance infinie n'est pas sans rapport avec le rêve (...) de vie éternelle. On travaillera à réaliser ce dogme avec un entêtement intégriste, quitte à détruire ce qu'il reste de la planète. No comment. Pierre Otchick
20:02 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/04/2013
Celles qui s'étonnent de la violence de leur désir
Et si on faisait une petite pause aujourd'hui ? Vous n'en avez pas un peu ras-le-bol de l'actualité ? Le chômage, le patrimoine de nos élus ? Dans ce dernier domaine les journalistes ont enfin tourné la page. Il était temps ! La richesse n'empêche pas forcément le souci des autres. Regardez Kropotkine : il était prince et héritier d'une immense fortune et il a failli mourir en prison pour avoir défendu le peuple. Cette soi-disant transparence ne nous apprend rien. On sait bien que nos élus sont rarement issus du peuple. Un tirage au sort créant un échantillon représentatif serait paradoxalement plus démocratique. De plus, une déclaration de patrimoine sans contrôle n'a jamais empêché la fraude fiscale. Qu'attend-on pour voter une loi obligeant les banques étrangères à déclarer les avoirs des français ? On récupérerait 75 milliards. Excusez du peu ! Bon, je me répète ? Parlons d'autre chose.
Mère Nature m'a mis entre les mains un livre intéressant sur les fantasmes féminins1. Il montre à quel point les femmes peuvent culpabiliser devant leur désir, même celles qui disent accepter leur bestialité. L'utilisation de ce mot est lourd de sens. Pour moi, il désigne principalement le rapport sexuel avec un animal. L'utiliser pour désigner notre animalité est péjoratif. Alors que ce désir est si beau. Aussi j'ai mis la citation qui suit (p 67) parmi mes poèmes.
Je sens l'excitation monter en moi. Je me sens femelle et je lui dis. Dans la réalité je n'ai jamais fait cela. Et là cela me paraît si facile, si juste surtout. Je sens que j'ai besoin de sexe, j'ai besoin d'être baisée et il le sait. Ô, ces mots jamais prononcés qui là brusquement m'excitent encore plus. J'ai envie d'être prise, j'ai envie de sentir le mâle en moi, qu'il s'enfonce profondément. Je rêve que je m'assieds sur ses genoux et mon bassin se met à bouger frénétiquement, mon vagin se contracte par saccades...
Pierre Otchick
1Imaginaire intime de la femme,J-Y Revault, éd Trois Fontaines, mai 1997, 114 p., 65 F !!
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