11/04/2013
Les terriens ont-ils besoin d’un chef ?
C’est la question que je me posais il y a deux mois à propos des français. Des sociologues terriens l’ont posée eux-mêmes. Maurice Lemoine résume leurs travaux dans Le Monde diplomatique de ce mois (p. 25). Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils constatent le rôle important joué par des chefs. Je cite.
Il va sans dire (…) que le cours de l’histoire n’est pas l’œuvre de personnalités exceptionnelles. Les peuples y ont leur part. Mais comment effacer les figures de Gandhi, Mao Zedong, Nasser, Fidel Castro, Ho Chi Ming, etc., ou, plus près de nous, des latino-américains Lula da Siva, Hugo Chavez, Evo Morales, Rafael Correa ? Des dirigeants dont le charisme est trop souvent rebaptisé, notamment pour les derniers cités, « populisme » ou « démagogie ».
Et Diane Raby[1] de tenter une analyse : « cette critique se refuse à admettre la possibilité que le leadership charismatique qu’elle méprise tant puisse remplir une fonction symbolique nécessaire dans la mobilisation populaire et la construction réelle et effective d’un système social plus juste et même plus démocratique. »
Voilà une piste de réflexion plus qu’intéressante. Qui va la creuser ? Peut-être est-ce déjà fait ! Ami lecteur, si tu as des tuyaux, n’hésite pas à nous les communiquer.
Je suggérerais une autre piste, complémentaire mais diamétralement opposée. Dans tout processus démocratique il arrive qu’un leader se dégage. Le premier exemple que j’ai trouvé dans l’histoire est celui de Thémistocle. Au Vème siècle av. J-C la Grèce était un puzzle de petites républiques. Chaque cité avait sa constitution et toutes étaient totalement indépendantes. Cela ne les a pas empêché de s’allier pour lutter contre l’envahisseur perse et de gagner la guerre. Cela ne s’est pas fait tout seul. Thémistocle a joué un rôle important dans cette ligue Hellénique qui n’aurait peut-être pas vu le jour sans lui. Athénien, il n’avait aucun pouvoir sur les autres cités mais une grande force de persuasion.
A méditer à propos des processus de décision en démocratie. Comment utiliser les compétences des individus exceptionnels sans leur donner de pouvoir autre que leur autorité naturelle dans un certain domaine ? Comment créer les contre-pouvoirs qui évitent toute dérive autoritaire ? Qu’en penses-tu ami lecteur ?
[1] Le leadership charismatique dans les mouvements populistes et révolutionnaires, Risal, Paris, 27 juillet 2007.
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09/04/2013
Des Masaï chassés de leurs terres pour chasser le lion
D’ici quelques heures, le président tanzanien pourrait expulser de leurs terres des dizaines de milliers de Masaï.La dernière fois que nous nous sommes mobilisés pour eux, il a fait marche arrière. La pression mondiale peut l’arrêter une fois encore. Cliquez pour nous aider: |
Nous sommes les Anciens des Masaï de Tanzanie, l’une des plus anciennes tribus d’Afrique. Le gouvernement vient d'annoncer qu’il prévoyait d’expulser des milliers de familles de nos terres pour permettre aux touristes de tuer lions et léopards. Les expulsions peuvent commencer d'un instant à l'autre.
L’an dernier, lorsque nous avons entendu parler de ce projet pour la première fois, près d’un million de membres d’Avaaz s'étaient mobilisés pour nous aider. La tempête médiatique que vous avez créée a forcé le gouvernement à abandonner ses projets pendant plusieurs mois. Mais le président a attendu que l’attention des médias retombe pour relancer ce projet qui vise à nous déposséder de nos terres. Aujourd’hui encore, nous avons besoin de votre aide de toute urgence
Le président Kikwete ne se soucie pas de nous, mais on a vu qu'il était sensible à la pression médiatique et citoyenne -- la votre! Nous n'avons peut être que quelques heures. S’il vous plaît, nous avons besoin de votre mobilisation à nos côtés pour défendre nos terres, notre peuple et nos majestueux animaux. Parlez-en autour de vous avant qu’il ne soit trop tard. Cet appel représente notre dernier espoir:
http://www.avaaz.org/fr/avec_les_masai_b_fr/?bnEombb&...
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06/04/2013
La justice selon Justin Bridou II
Cette nuit Mère Nature m’a sérieusement réprimandé pour avoir loupé le coche à propos des cochons roumains. « Tu aurais du en profiter pour signaler l’absence d’équilibre entre les forces centripètes et centrifuges ! » Ne râle pas ami lecteur, je vais t’expliquer ! C’est la faute à Tournesol, mon ami matheux. Tournesol, c’est le surnom que les étudiants lui ont donné à la Fac. Faut dire qu’il est un peu fou. Ce n’est pas la peine de penser aussi fort, ami lecteur ; je t’entends : « Fou ? Pas étonnant puisque c’est ton ami : ce qui se ressemble s’assemble ! » Eh oui, ceux qui ne pensent pas comme tout le monde sont vite étiquetés. Pas grave, les chiens aboient, la caravane passe !
Revenons à nos moutons ! Mon ami tournesol, disais-je, a entreprit de mettre en équations l’analyse extraterrestre que je fais de la société terrienne, et de me l’expliquer à grands coups d’entropie, de viscosité ou de forces centripètes et centrifuges. Je ne vous parlerai pas de fluidité ou de viscosité de la société, je n’y ai rien compris. Mais pour les forces génératrices d’entropie[1], je peux essayer. Ce que Marx appelle la lutte des classes n’est qu’une partie de la lutte séculaire entre le Pouvoir et les forces, disons démocratiques. Tout pouvoir central est une force centripète. La dictature en est le summum : les forces centrifuges sont écrasées par le Pouvoir. L’excès inverse est ce que les terriens appellent l’anarchie : quand, après la chute du Pouvoir les forces centrifuges, trop longtemps brimées, explosent avant que l’apprentissage de la liberté n’oblige au difficile apprentissage de la confrontation sereine… et aboutisse à ce que les habitants de ma planète appellent l’anthropoarchie, stade suprême de la démocratie.
Toute société saine est un équilibre dynamique entre ces forces. Si les structures briment les forces centrifuges, ce qui est le cas sur la Terre, l’évolution est bloquée et l’entropie de la société peut diminuer. Mon ami matheux me dit que, dans toutes les sciences, la sociologie est la seule où l’entropie peut momentanément diminuer.
C’est ce qui s’est passé en Roumanie. L’Europe a été livrée pieds et poings liés aux forces du marché, sans aucun contre-pouvoir : les directives européennes s’appliquent au petit éleveur et pas à la multinationale qui peut corrompre les autorités locales. De plus ces directives vont, le plus souvent dans le sens du profit et pas de l’humain ! Depuis quelques décennies les forces centripètes l’emportent sur les forces centrifuges. Comme le dit Warren Buffet, le milliardaire états-unien (je cite en gros) : « La lutte des classes ? C’est en fait une guerre entre les riches et les pauvres et nous sommes en train de la gagner ! » La société évolue par à-coups et nous sommes actuellement en pleine régression. Une seule solution : il faut renforcer… toutes les forces centrifuges. A bon entendeur salut !
[1] Grandeur qui mesure le degré de démocratie. Voir : http://libertinslibertaires.hautetfort.com/archive/2012/1...
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