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31/01/2014

Cavana, Dieu et la vie simple

Cavana nous a quitté. Celui qui a voulu mourir un jour, puis vivre 100 ans, a fait le grand saut. Il laisse un sacré héritage. Ses livres, Hara-Kiri, mai 68... Oui, figure-toi que, dans Le Monde d'hier, Macha Sévy affirme que Hara-Kiri a ouvert la voie à Mai 68 ! Rien que ça !

Si je suis triste, c'est surtout que je me demande ce qu'il reste de ce grand souffle détergent. Aujourd'hui, alors que la France est entraînée dans un grand courant de réaction, de pensée unique, de bien-séance, qui procédera à lancer une grande lessive.

Mais je ne suis pas triste quand je pense à lui, parce qu'il m'a laissé un beau cadeau. C'était au Grand Palais. Hugo Pratt inaugurait son exposition. Je voulais rencontrer Milo Manara et grâce à lui, j'ai eu une invitation pour cette cérémonie. Le maître H.P. ne cachait pas sa fierté d'être exposé au Grand Palais de son vivant. Il m'a serré la main. J'ai eu l'impression que c'était celle de Dieu en personne. Milo Manara n'est pas venu mais je n'ai rien regretté : Cavana était à côté de moi. Alors que je trouvais le temps long - ami lecteur, tu sais que je n'aime pas le champagne - Cavana s'est tourné vers moi - qu'il ne connaissait pas – « Tu ne trouves pas qu'on s'emmerde ici ? ». . Ma compagne a opiné du chef. Moi itou ! C'est comme ça qu'on s'est retrouvés dans un bar devant une bière bien moussante. J'avoue ne pas me souvenir de la conversation, mais je n'ai pas oublié le ton et l'impression qu'il nous a faite. D'abord, son intelligence - puisqu'il pensait exactement comme moi !! Mais pas seulement. Il avait un jugement critique imparable. C'était un régal !

Nous avons passé une heure qui nous a fortement marqués. Une anti-cérémonie, un pied de nez aux flonflons du Grand Palais, un hymne à la vie simple et à l'amitié comme creusets de la vraie vie.

Pierre Otchick. 

29/01/2014

Le maître, la jeune esclave et le désir coupable

Télérama a bien aimé le dernier film de Steve Mc Queen, "12 years a slave". Je n'irai pas le voir : je ne suis pas maso !Par contre, la critique de Pierre Murat a attiré mon attention. Il décrit le personnage incarné par Michael Fassbinder comme « Un être apeuré de ne pas se montrer à la hauteur d'une classe sociale qu'il méprise. Et totalement dominé par des pulsions sexuelles qui le poussent à se punir en châtiant l'objet de ses désirs – une jeune esclave noire qu'il adore et détruit [le film n'épargne pas les coups de fouet]. Il est clair, pour Steve Mc Queen, que c'est la frustration qui engendre le mal : l'aveuglement sur soi et la haine de l'autre sont indissolublement liés, comme le couteau et la plaie. »

Wilhem Reich avait déjà expliqué ça dans son Psychologie de masse du fascisme1. On ne peut rêver plus belle illustration.

Ce sera tout pour aujourd'hui. À chaque jour suffit sa peine. N'est-ce pas Joshua ?

Pierre Otchick.

28/01/2014

La Chine, contestation et révoltes

La Chine bouge-t-elle ? VI

Aujourd'hui, j'ai bien l'impression qu'elle ne bouge pas. Au contraire, devant l'ampleur de la contestation, le régime se raidit. On muselle les journalistes1, on emprisonne pour la moindre contestation, sous prétexte de "perturbation de l'ordre public" ! C'est le cas de l'avocat Xu Zhyong (prononcer Su Chiiong). Son crime ? Dénoncer la corruption ! Procès bidon: l'avocat n'a pas pu placer un mot ! Verdict ? Quatre ans de prison ! Et il n'est pas tout seul !

Le régime n'a pas compris deux choses. La première est, comme l'ont démontré quatre chercheurs de l'Université de Pékin, qu'il serait moins coûteux de créer des structures de dialogue plutôt que d’aggraver la répression2. Mais ça, aucun pouvoir ne veux le reconnaître ! La deuxième est que la répression ne fait qu'augmenter la pression (loi de Denis Papin). L'équilibre est instable et nécessite toujours plus de répression. Mon ami Tournesol pense qu'un peuple opprimé est une eau en surfusion. Une eau calme peut descendre jusqu'à -1°, -2°C sans geler. Au moindre choc, elle "prend" en masse d'un seul coup.

C'est ce qu'explique fort bien le docu de dimanche soir à propos de la naissance d'une révolte. Sur cinq exemples (de mai 68 au printemps arabe) il est montré que, même la veille, personne n'aurait pu prévoir ce qu'il s'est passé 3!

Ce n'est pas pour ça que je souhaite une révolte en Chine. Ce serait un bain de sang. Souhaitons plutôt que le pouvoir finisse par écouter les braves universitaires dont j'ai parlé plus haut. De notre côté, continuons à manifester notre indignation. Une pression mondiale n'est jamais inutile.

 

Pierre Otchick

 

1 Voir Principe d'action et de la réaction.

3 À voir encore pendant 4 jours : Révolte, naissance.