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04/08/2012

Gouvernance ou gouvernement ? III

Ceux qui me connaissent bien ont du être étonné qu’hier je parle du désir de Mireille Delmas-Marty de légiférer sans réagir. Ils savent bien ce que je pense : la plupart du temps le législateur considère que le terrien n’est pas adulte, qu’il baigne dans une culture qui cultive l’égoïsme et qu’il faut donc légiférer. Si je n’ai rien dit, c’est que la dite Mireille n’est pas si bête que ça : elle a répondu par avance à ma critique. Je cite (page 49)

Mais le droit ne crée pas de valeurs. Il peut seulement contribuer à la démocratisation en accompagnant l’émergence de valeurs communes, à condition de suivre une démarche pragmatique plus que dogmatique (…).

Car la démocratisation a aussi une dimension culturelle [c’est moi qui souligne], voire religieuse, ou en tout cas spirituelle : autrement dit, elle a partie liée avec l’humanisation sans laquelle la gouvernance mondiale se limiterait à la survie de l’espèce dans un monde uniformisé et privé de toute spiritualité.

Pas mal hein ? On peut se demander si elle n’est pas adoratrice de Mère Nature (voir Le dessein intelligent). D’autant plus qu’à la page 28 elle cite Jean Beachler : « Il reste à savoir s’il existe à l’échelle mondiale l’équivalent de ces mouvements chaotiques et à peu près opaques aux acteurs et aux contemporain, qui ont peu à peu fait émerger, de façon tâtonnante au début et de plus en plus assurée à la fin, les démocraties européennes et occidentales d’aujourd’hui. »

No comment.

Pierre Otchick.

 

03/08/2012

Gouvernance ou gouvernement ? II

J’espère qu’hier je vous ai alléchés avec la citation de Mireille Delmas-Marty. Je n’aurais pas du utiliser ce mot là, il me fait penser à l’article de Carmen Soqqiu sur le cunnilingus et je vais avoir du mal à me concentrer sur un sujet aussi sérieux. Et là, y a pas photo, la thèse de notre professeure est tout ce qu’il y a de plus sérieux ! Je vous encourage à lire les 27 pages du chapitre de cet Appel pour une gouvernance  mondiale (p 25), mais accrochez vous à la table. Ce serait dommage de rater une réflexion originale. Elle s’intéresse à la planète entière mais sa recherche de la démocratie s’applique aussi bien aux nations.

L’idée est d’ajouter à la trilogie de Montesquieu – pouvoirs exécutif, législatif, juridique – celle des pouvoir, vouloir et savoir. Et c’est pas idiot. Après avoir constaté, au sujet de l’Onu, que « (…) l’ancien modèle – celui de l’État-nation qui réserve le pouvoir politique aux États et construit le droit international sur les relations interétatique – ne fonctionne plus (…) » elle remarque que les états, l’Europe, les organismes internationaux (Organisation mondiale du commerce, Banque mondiale…) sont fortement influencés d’une part par les ONG et les acteurs économiques (bel euphémisme pour désigner surtout les lobbies industriels et la finance) – ce qu’elle appelle le vouloir- et d’autre part le monde des experts, par exemple le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat). Ce constat est valable à tous les niveaux. Le problème est bien posé. Elle se demande donc comment légiférer pour coordonner cette influence de façon démocratique « en ce sens qu’elle serait l’expression non seulement des peuples, mais des citoyens de la planète. » Et on retrouve une très belle définition de ce que les dzêtaens appellent l’anthropoartie.

Y a qu’à ! Oui, mais y a du pain sur la planche ! Vous voyez que je ne suis pas le seul à être parano !

A demain si...

Pierre Otchick

 

02/08/2012

Gouvernance ou gouvernement ?

Vaste question ! J’ai encore une fois l’impression de m’attaquer à un sacré moulin à vent ! Tant qu’à être traité de parano, tant pis, j’y vais… et pas avec le dos de la petite cuillère !

D’abord le terme gouvernance. C’est en Afrique que je l’ai entendu pour la première fois. À Lomé, à Yaoundé. Les africains ont gardé des mots de vrai français. Par exemple, ils ne se regardent pas dans une glace, ils se mirent. Quelle richesse les français sont en train de perdre ! Le terme gouvernance ? Il revient en force en ces temps de crise où l’on constate que la démocratie n’existe pas. Le navire Terre n’a plus de capitaine, ou plus exactement il a un capitaine devenu fou : la finance.

Il n’est donc pas tellement étonnant que quelques intellectuels (M. Delmas-Marty, S. Hessel, E. Morin, M. Rocard, et d’autres) se posent la question et lancent un Appel pour une gouvernance  mondiale (Le Monde n’a plus de temps à perdre, éd Les liens qui libèrent, 156 p, 15,50€).  Déjà, Einstein, entre autres, avait lancé un appel pour un gouvernement mondial. Et les auteurs de se poser la question de l’instauration de la démocratie dans un tel gouvernement. La réponse tombe, brutale : c’est utopique ? Non, c’est impossible ! Déjà la gouvernance démocratique n’existe pas au niveau des états, alors au niveau mondial ! Allez, on va rejouer eu jeu de la devinette.

« On emploie « gouvernance » comme façon de poser la question de l’organisation des pouvoirs, mais sans transposer le modèle de l’État-nation – car personne ne veut d’un véritable État mondial. En somme, c’est une façon de dire : Qui gouverne quad personne ne gouverne ? Ou comment gouverner sans gouvernement, »

Qui a dit ça ? Un anarchiste ? Non, une juriste, professeure au Collège de France ! M. Delmas-Marty, l’auteure suscitée.

À demain, si vous le voulez bien.

Pierre Otchick.