01/08/2014
Jaurès, la foi et le figaro I
Jaurès est bien mort IV
C'était hier le centième anniversaire de sa mort. François Hollande a déposé une gerbe devant le restaurant où il a vécu ses derniers instants. C'est tout. Peut-être quelque chose m'a-t-il échappé, mais j'ai le sentiment que les médias ont nié l'importance de l’événement. Silence radio ou presque. On a enterré Jaurès une deuxième fois.
Pire, même, on détourne sa pensée. C'est le cas par exemple de Claude Obadia dans le Figaro du 24 avril. Jaurès serait-il socialiste aujourd'hui ? Voilà la question qu'il pose dans une belle dissertation (il est prof de lycée !). Bien sûr que Jaurès ne serait plus au Parti Socialiste, parti qu'il a pourtant fondé ! Claude Obadia affirme que Jaurès était « convaincu que la lutte des classes peut se mener dans les urnes,... » Oui, mais il n'a jamais dit que cela pouvait se faire sans lutte.. Il l'a montré dans son soutien, aux grévistes et, comme je l'ai déjà dit, par sa volonté de créer des « organes sans nombre : communes, coopératives, syndicats qui donneront à la propriété sociale le mouvement le plus souple et le plus libre. »
Mais quant à affirmer que «[...] le député de Carmaux est convaincu que les intérêts de la bourgeoisie possédante peuvent se concilier avec ceux de la classe ouvrière et, de fait, qu'il n'est nullement nécessaire, pour réaliser la justice, d'abolir la propriété privée » il fallait oser ! Claude Obadia cite ses sources à plusieurs reprises, mais là, il ne cite rien. Pour cause ! Où Jaurès a-t-il dit cela ?
En fait il a dit tout le contraire. D'après le film Jaurès, naissance d'un géant, déjà lors de sa première campagne électorale sous l'étiquette socialiste il s'est clairement prononcé contre la propriété privée des moyens de production et d'échange Si la formule est de Marx, l'idée avait déjà été énoncée depuis longtemps par Proudhon et bien d'autres.
Pourquoi cette mauvaise foi ? Tout simplement pour « que la France rompe une fois pour toute avec le marxisme. » Bien sûr que Jaurès n'était pas marxiste, même si je pense qu'il devait reconnaître la pertinence de bien de ses analyses. Mais pour le Figaro, si on n'est pas marxiste, on n'est pas socialiste. Ils ne savent pas qu'il existe un socialisme libertaire !
Mais il y a pire. Jaurès a dit qu' »il n'y a pas de société sans religion. » Claude Obadia cite Vincent Peillon. Il n'a pas lu, ou pas compris, son Jean Jaurès et la religion du socialisme. Il ne s'agit pas de christianisme, même s'il reconnaît ce que le christianisme a apporté au socialisme. Mais tout simplement que l'homme a besoin d'un idéal. Et vouloir gagner de l'argent n'est pas un idéal ! Il insiste sur la nécessité de changer les mentalités pour pouvoir créer le socialisme. En un mot, il a foi en l'homme. Il croit à la possibilité de son évolution. Et comme il ne peut le prouver scientifiquement, on dit que c'est de la religion.
Si Marconi n'avait pas cru que les ondes radio pouvaient'' s'infléchir'' jusqu'à l’Amérique, il n'aurait jamais tenté et réussi sa liaison radio. Sa foi était-elle religieuse ? C'était simplement de l'intuition ! La science a souvent progressé par intuition. Et il serait temps que nos économistes arrêtent de penser détenir la vérité et écoutent ceux qui ont de l'intuition.
Pierre Otchick.
14:03 | Lien permanent | Commentaires (1)
31/07/2014
Gaza, le sage et le silence
Peut-on arrêter les guerres II
Joshua ne veut plus regarder les infos. C'est trop triste ! C'est vrai qu'il y a de quoi désespérer du genre humain. Et toi, ami lecteur, tu dois te demander comment je peux batifoler avec les gamines de Casanova, alors que des peuples se font massacrer, en particulier à Gaza. Je me tais parce que je me sens impuissant devant la folie des terriens. Je rage, mais je préfère me taire plutôt que de parler pour ne rien dire.
De son côté, Arte ne se gêne pas pour exprimer sa pensée et prendre position. Hier soir, ils ont diffusé un long interview de Rony Brauman, l'ancien président de Médecins Sans Frontières. Posément, le sage a fait un exposé d'une telle densité que je ne peux pas résister à la tentation de te le retranscrire quasi intégralement.
« Je suis écœuré, révolté par le carnage continu que l'armée israélienne est en train d'infliger dans ce territoire transformé en prison depuis 8 ans, sans que […] l'ONU, l'Union Européenne, bref, les différents acteurs de la société internationale ne trouvent à y redire. […] on enferme de façon illégale, illégitime, inhumaine, une population entière dans une cage, et en plus, lorsqu'elle se révolte, on la matraque, on se livre à une véritable boucherie. C'est le terme qui, à mon avis, convient.
Lorsque cela se passe en Syrie, […] en Libye, on entend toutes sortes de voix. Mais, dès qu'il s'agit d'Israël , c'est le silence. Comme si une sorte d’embarras ou d'interdiction pesait sur toute critique concernant Israël. On interdit les manifestations qui veulent exprimer une solidarité avec la population de Gaza martyrisée. […] le gouvernement français manifeste publiquement sa compréhension, […] « vis-à-vis de la réaction israélienne à Gaza ». Pour moi, c'est ça le problème. Ce n'est pas le déficit de réponse d'intellectuels ou de figures plus ou moins morales, c'est le déséquilibre manifeste dans les réactions politiques face au proche Orient. »
No comment.
Pierre Otchik.
07:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
30/07/2014
La drogue, les États-Unis et la France
Prohibition X
Un petit pas pour l'humanité. C'est le New-York Times qui vient de le franchir et Le Monde d'hier qui le raconte (p. 5).
« C'est après de nombreuses discussions internes que le grand quotidien américain a demandé , dans un long éditorial […intitulé] ''Abrogez à nouveau la prohibition'' d'en finir avec l'interdiction fédérale de la marijuana, qu'il a comparée à la prohibition de l'alcool entre 1920 et 1933. '' Les États-Unis ont mis treize ans à repren-dre leurs esprits et à mettre fin à la prohibition, treize ans au cours desquels les gens continuaient à boire, de sorte que […] les syndicats du crime ont émergé et prospéré.'' »
Les États-uniens sont-ils plus intelligents que les français ? 54% d'entre eux sont favorables à la légalisation. Pourquoi pas en France ? Peut-être parce que les partis de gauche ne font pas leur travail. Les français sont pour l'élection du Président de la République? Alors ont retire sa suppression du programme du Front de Gauche! Pourquoi ne pas lancer de vastes débats ? Comme les journalistes du N.Y. Times, les français verraient que les avantages l'emportent de beaucoup sur les inconvénients. Même pour les drogues dures !
Pierre Otchick.
19:05 | Lien permanent | Commentaires (0)