La fracture sociale, nos élus et les boucs émissaires

La fracture sociale a toujours existé. Elle était pire sous l'ancien régime. Mais, ce qui est inquiétant, c'est que la courbe s'est inversée. Pas celle du chômage, celle du progrès social. Depuis deux ou trois générations, les choses s'aggravent et changent de nature. La fracture n'est plus seulement entre riches et pauvres, mais surtout entre pauvres et monde politique. « [Pour ce dernier] la société est devenue terra incognita. C'est grave. » Ce n'est pas moi qui parle, c'est Pierre Rosanvallon¹.

La société française est déchirée. Les signes de ce déchirement ?« D'abord, la multiplication des phénomènes de repli, de rejet des autres. La recherche des boucs émissaires habituels, comme l'Islam, s'accompagne d'une désagrégation de la société : les riches vivent dans leur monde, et les "invisibles" sortent du paysage. Ce déchirement se traduit par un rejet du sommet de la société – attitude antipolitque, antidémocratique, même [...]. [...] élire des représentants n'est pas seulement voter pour des personnes qui ont des opinions similaires aux nôtres, c'est choisir des gens qui portent notre réalité – c'est-à-dire notre quotidien. Les politiques n'y arrivent plus, y compris les partis de gauche. »

No comment.

Pierre Otchick.

1 Télérama n° 3338 page 38.

2014, nos voeux et Marine le Pen

Franchement, cette tradition devient ridicule. Joshua a invité un copain à la maison. Son père est au chômage. Va lui souhaiter la bonne année ! Prends les infos : guerres, rébellions, répressions, partout ! Mon optimisme congénital en prend un coup. J'ai jeté un œil sur mes dernières notes. Il n'y a pas deux mois je parlais d' "un ilot d'utopie dans un océan de monstruosités" et hier encore je disais "Le progrès marche à reculons !".

Que va-t-il se passer cette année. Les municipales ? Les élections peut-être les moins inutiles ! Une vague Bleu Marine ? Eh bien tant pis, les français auront ce qu'ils méritent : atteintes aux libertés dans les bibliothèques, les théâtres  la culture en général... Peut-être réfléchiront-ils et se prendront-ils par la main au lieu d'attendre un sauveur. Ça, c'est mon vœu pour 2014.

Pierre Otchick.

Amazon, le Luxembourg et l'Europe

Jeudi dernier, en parlant du jeu, j'ai fait allusion à Amazon et à son paradis fiscal : le Luxembourg. Les grands esprits se rencontrent, Mediapart lance une campagne pour exiger que le Grand Duché sorte de l'Europe. Non sans argument. Le premier, développé par Gabriel Zucman, cet économiste de 27 ans, dénonce¹ la santé florissante des paradis fiscaux. Je cite mediapart :

« Dans cette remarquable « enquête sur les paradis fiscaux », loin des polémiques, Zucman livre les chiffres détaillés et les circuits de l'évasion fiscale : « Il n'y a jamais eu autant d'argent qu'en 2013 dans les paradis fiscaux, expliquait-il à Mediapart. Selon mes calculs, 8 % du patrimoine financier mondial des ménages y est logé et échappe à tout impôt. Soit une fortune de 5 800 milliards d'euros, dont 350 milliards appartenant à des Français. C’est 25 % de plus qu’en avril 2009, quand le G20 de Londres avait annoncé la “fin du secret bancaire”. »

Comme tu le vois, là encore, le progrès marche à reculons : le capitalisme financier étend son empire ! Et quelle est la capitale de cet empire : Luxembourg ! Je continue à citer Mediapart pour le deuxième argument : « [le Luxembourg] "C'est le paradis fiscal des paradis fiscaux, présent à toutes les étapes du circuit de la gestion de fortune internationale, utilisé par toutes les autres places financières" [...] Or ce paradis fiscal siège au Conseil européen, où il dispose d'un droit de veto sur toutes les décisions relatives à la fiscalité et à la réglementation financière et bancaire. »

La première chose à faire est donc de récupérer le pouvoir au sein de l'Europe : exit le Luxembourg ! Yaka !

Pierre Otchick.

1 Dans son livre La Richesse des nations, Le Seuil-La République des idées.