30/12/2013
Le policier maroquin et le contestataire
Hier, quand j'ai parlé de la Chine, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le rapprochement avec le Maroc. Dans les deux cas il est interdit de contester! Mediapart affirme même que le nombre de prisonniers politiques explose au Maroc. Mais, ce qui m'a le plus frappé, c'est le mode de répression. Écoutez plutôt. Je cite Mediapart.
« "Ils ont commencé à me frapper et à m’insulter. [...]. Ils me disaient que je mange pendant le ramadan, que je suis athée", se souvient Bradley.
Ce n’est que le lendemain qu’il sera transporté à l’hôpital pour soigner une blessure à la tête. À son retour au commissariat, il raconte avoir été forcé de signer un procès-verbal déjà rédigé par la police.
« J’ai dit que je voulais le lire d’abord. Ils m’ont dit : "Tu te crois à l’étranger ?" J’ai demandé à joindre mon avocat. Ils ont refusé et m’ont dit : "Tu vas signer". Ils ont recommencé à me frapper et à me menacer. J’étais arrivé épuisé de l’hôpital. Je n’avais plus de forces. Et j’ai signé, poursuit-il. C’est quand mon avocat est venu qu’il m’a dit quelles accusations ils m’avaient collées. »
Vous avez entendu ? « Ils me disaient que je mange pendant le ramadan, que je suis athée. » Ce serait évidemment une bonne raison pour le frapper ! Ça me fait penser à Wilhem Reich. Oui, dans Psychologie de masse du fascisme1, il explique que le petit bourgeois envie le vrai bourgeois, qu'il en souffre et qu'il sadifie ses pulsions en projetant son agressivité sur l'autre, le juif ou tout simplement celui qui est différent. La frustration est-elle uniquement une question de classe ? Ne s'y ajoute-t-il pas une autre, due à la rigueur de sa religion, rigueur qui engendre une frustration, terreau fertile pour tout extrémisme. Le serpent se mord la queue.
Pierre Otchick.
1 Payot 1972.
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29/12/2013
La Chine bouge-t-elle ? IV
On peut se poser la question encore une fois1 ! Assouplissement de la loi sur l'enfant unique, suppression des camps de travail... Deux bouffées d'oxygène ? Ne nous réjouissons pas trop vite ! Le deuxième enfant n'est autorisé que si l'un des parents, au moins, est enfant unique... Pour les camps de travail, leur suppression n'empêchera pas les arrestations arbitraires !
On le sait, la Chine est une dictature du Parti ! Pas question de contester ! Mais il y a pire ! C'est une dictature des édiles nommés par le Parti ! Pas question de lancer une pétition contre un notable corrompu : vous vous retrouvez en prison ! En Chine comme au Maroc ou ailleurs, les terriens ont besoin de contre-pouvoirs, de garde-fous. Quand il n'y en a pas, c'est la cata ! Le terrien montre ce qu'il y a de pire en lui. Alors oui, la Chine bouge, mais tout, tout doucement. Il faudra combien d'années, de générations, pour arriver à une démocratie ? Je ne regrette qu'une chose, c'est que mes vrais géniteurs dzêtaens ne m'aient donné qu'une centaine d'années d'espérance de vie. Il m'en aurait fallu deux pour ma mission d'observation !
Pierre Otchick, votre E.T. préféré.
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28/12/2013
Le philosophe, le désordre, l'imprévu et la révolution
Figure-toi, ami lecteur, que tu as failli échapper à cette note. Début octobre, j'avais mis cet article de Télérama1 de côté et j'avais préparé un commentaire. Mais le tourbillon de la vie m'a emporté... C'était sans compter sur Mère Nature. Ce matin, elle m'a rappelé à l'ordre en me mettant mes notes sous les yeux. « Tu avais choisi "Le XXIème siècle, nouveau siècle des lumières" comme thème de ce nouveau tome et tu laisses passer cet article ? » Je suis obligé d'obtempérer ! Avec plaisir, d'ailleurs !Plaisir d'autant plus grand que Nassim Nicholas Taleb est un penseur vraiment révolutionnaire. Je te laisse juge :
« [...] ce que l'on ne sait pas compte beaucoup plus que ce que l'on sait. [...] Notre monde, résume-t-il, est dominé par l'extrème, l'inconnu et le très improbable, et, pendant ce temps, nous ne cessons de nous livrer à des bavardages inutiles et de nous focaliser sur le connu et le répété...2 » Et de se moquer des experts officiels qui croient « apprendre aux oiseaux à voler » !
En voulant tout prévoir, tout surprotéger, nous créons en fait de la fragilité. « On risque de nuire à ces systèmes complexes en les privant de la volatilité, du hasard, du stress. »
« Les tensions et les frictions sont nécessaires à la paix et à la vie en société. Sans elles, sans variabilité, tout explose d'un coup. »
Nous avons là les bases d'une société totalement différente, avec des structures souples, une tolérance du pluralisme, un refus, du dirigisme, des excès des législateurs... Je te l'ai dit, c'est révolutionnaire !
Pierre Otchick.
1 Juliette Cerf, Télérama n°3325 page 45.
2 Antifragile. Les bienfaits du désordre. Les belles Lettres, 650 p., 25,50€.
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