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01/02/2014

Le recensement, le Roi et l'Insee

Monsieur le Maire

 

Je dois vous informer que je refuse de participer au recensement en cours. Cette opération est une survivance d'une habitude régalienne. Au vu des méthodes statistiques modernes, il n'a plus de raison d'être.

Nous sommes en république de façon permanente depuis bientôt un siècle et demi, mais certaines coutumes héritées de la monarchie perdurent. Il suffit de regarder les pouvoirs accordés à notre président. Le fait que le recensement soit nominatif en est un bel exemple. Les précautions prises pour assurer, en fin de compte, l'anonymat, ne sont pas à l'abris de toute malversation et cela suffit à lui ôter une bonne partie de sa valeur scientifique. Les craintes que j'exprime sont fréquemment partagées et sont à l'origine de fausses déclarations difficiles à évaluer. Il en résulte une dépense considérable pour satisfaire un désir anachronique du pouvoir. Une étude statistique, portant sur un échantillon représentatif de la population française, organisée exclusivement par l'Insee coûterait beaucoup moins cher et aurait une réelle valeur scientifique.

C'est pourquoi je demande que ce recensement soit publiquement remis en cause et, en attendant, je refuse d'y participer.

Sachant qu'il vous importe de connaître le nombre de résidents dans votre commune, je vous signale qu'ayant encore un fils à charge, ma famille se compose de trois personnes.

Vous agréer l'expression de mes sentiments les meilleurs.

Pierre Otchick.

31/01/2014

Cavana, Dieu et la vie simple

Cavana nous a quitté. Celui qui a voulu mourir un jour, puis vivre 100 ans, a fait le grand saut. Il laisse un sacré héritage. Ses livres, Hara-Kiri, mai 68... Oui, figure-toi que, dans Le Monde d'hier, Macha Sévy affirme que Hara-Kiri a ouvert la voie à Mai 68 ! Rien que ça !

Si je suis triste, c'est surtout que je me demande ce qu'il reste de ce grand souffle détergent. Aujourd'hui, alors que la France est entraînée dans un grand courant de réaction, de pensée unique, de bien-séance, qui procédera à lancer une grande lessive.

Mais je ne suis pas triste quand je pense à lui, parce qu'il m'a laissé un beau cadeau. C'était au Grand Palais. Hugo Pratt inaugurait son exposition. Je voulais rencontrer Milo Manara et grâce à lui, j'ai eu une invitation pour cette cérémonie. Le maître H.P. ne cachait pas sa fierté d'être exposé au Grand Palais de son vivant. Il m'a serré la main. J'ai eu l'impression que c'était celle de Dieu en personne. Milo Manara n'est pas venu mais je n'ai rien regretté : Cavana était à côté de moi. Alors que je trouvais le temps long - ami lecteur, tu sais que je n'aime pas le champagne - Cavana s'est tourné vers moi - qu'il ne connaissait pas – « Tu ne trouves pas qu'on s'emmerde ici ? ». . Ma compagne a opiné du chef. Moi itou ! C'est comme ça qu'on s'est retrouvés dans un bar devant une bière bien moussante. J'avoue ne pas me souvenir de la conversation, mais je n'ai pas oublié le ton et l'impression qu'il nous a faite. D'abord, son intelligence - puisqu'il pensait exactement comme moi !! Mais pas seulement. Il avait un jugement critique imparable. C'était un régal !

Nous avons passé une heure qui nous a fortement marqués. Une anti-cérémonie, un pied de nez aux flonflons du Grand Palais, un hymne à la vie simple et à l'amitié comme creusets de la vraie vie.

Pierre Otchick. 

29/01/2014

Le maître, la jeune esclave et le désir coupable

Télérama a bien aimé le dernier film de Steve Mc Queen, "12 years a slave". Je n'irai pas le voir : je ne suis pas maso !Par contre, la critique de Pierre Murat a attiré mon attention. Il décrit le personnage incarné par Michael Fassbinder comme « Un être apeuré de ne pas se montrer à la hauteur d'une classe sociale qu'il méprise. Et totalement dominé par des pulsions sexuelles qui le poussent à se punir en châtiant l'objet de ses désirs – une jeune esclave noire qu'il adore et détruit [le film n'épargne pas les coups de fouet]. Il est clair, pour Steve Mc Queen, que c'est la frustration qui engendre le mal : l'aveuglement sur soi et la haine de l'autre sont indissolublement liés, comme le couteau et la plaie. »

Wilhem Reich avait déjà expliqué ça dans son Psychologie de masse du fascisme1. On ne peut rêver plus belle illustration.

Ce sera tout pour aujourd'hui. À chaque jour suffit sa peine. N'est-ce pas Joshua ?

Pierre Otchick.