11/03/2014
La propriété privée, son histoire, sa justification II
4. La propriété privée permet à quelques-uns de posséder des privilèges exorbitants. Ainsi par le jeu de l'héritage, des biens se transmettent et s'accumulent entre les mains de certaines familles au fil des générations. Ils s'accumulent aussi parfois par des moyens qui ne sont pas les plus honnêtes. En raison de cette accumulation, certains finissent par ne plus avoir besoin de travailler de leur vie, tout en vivant de façon somptuaire ! Un tel système est à l'origine d'inégalités croissantes, absolument inacceptables.
5. La propriété privée, c'est un pouvoir usurpé. Ceux qui sont propriétaires de moyens de production possèdent tout pouvoir sur l'économie. Ils peuvent en user à leur gré, déplacer leurs billes à tout moment sans tenir compte ni de la gestion des entreprises qu'ils contrôlent ou ont contrôlé, ni du bien de ceux qui dépendent d'eux pour seulement survivre, ni du progrès en général, ni même de la conservation de la planète. C'est la gabegie générale. La propriété privée, telle qu'elle s'est développée dans l'unique obsession de l'accumulation, est absolument opposée à la gestion raisonnable du patrimoine naturel, biologique et humain.
6. La propriété privée c'est la guerre de tous contre tous parce que chacun court à gagner les plus de biens, naturellement contre les autres, et s'il le faut en en privant les autres. La propriété privée crée une rivalité entre les personnes, entre les entreprises, etc. La concurrence est le contraire de l'entente, de l'association, de la coopération, c'est la guerre parce qu'il y a des victimes. Le comble nous le voyons peut-être dans la longueur des yachts des milliardaires. Bernard Arnaud avait un yacht de 70 mètres de long, Bernard Tapie a voulu faire mieux, il s'est fait construire un yacht de 76 mètres. Et naturellement il faudra encore faire mieux.
7. La propriété privée entraîne une mentalité qui s'attache plus à l'"avoir" qu'à l'"être". Ainsi l'individu est peu à peu dépossédé de son être. Maintenant plus besoin de savoir, les sources de documentation sont multiples, plus besoin de savoir-faire, les machines font l'essentiel, plus besoin de savoir-vivre, le marketing, la publicité font tous les choix à votre place. Tout est dans les objets extérieurs que l'on possède ou que l'on ne possède d'ailleurs pas toujours. L'homme n'existe plus qu'en dehors de lui-même. C'est une dégradation de l'être humain, un cancer qui gangrène la société humaine.
Fernand COMTE
3 mars 2014
Voir le blog www.fernandcomte.fr
13:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
10/03/2014
La propriété privée, son histoire, sa justification
Fernand Comte1 nous a fait parvenir un véritable dossier sur la propriété privée. D'habitude je me contente de publier des extraits. Aujourd'hui, devant les réflexions que chaque ligne suscite, je ne me sens pas le droit de faire des choix. Je lui laisse la parole.
1. La propriété privée n'est qu'une invention : "Nulle chose n'est en elle-même ma propriété, vu qu'une chose a une existence indépendante de moi ; seule ma puissance est à moi. Cet arbre n'est pas à moi ; ce qui est à moi, c'est mon pouvoir sur lui, l'usage que j'en fais. Et comment exprime-t-on ce pouvoir ? On dit : j'ai un droit sur cet arbre ; ou bien : il est ma légitime propriété. Or, si je l'ai acquis, c'est par la force. On oublie que la propriété ne dure qu'aussi longtemps que la puissance reste agissante ; ou, plus exactement, on oublie que la puissance n'est pas une entité, mais qu'elle n'a d'existence que comme puissance du Moi, et qu'elle n'existe qu'en Moi, le puissant." (Stirner)
2. La propriété privée, c'est l'exclusion de l'autre : la propriété implique un droit exclusif du propriétaire sur un bien, qu'il peut opposer à tous ceux qui ne sont pas propriétaire de ce bien. La propriété emprisonne donc les non-propriétaires d'un bien par rapport à celui-ci. Mais il y a plus. Comme on ne saurait être propriétaire de tous les biens, on est fatalement limités, exclus, emprisonnés par les exercices de propriétés dont nous ne sommes pas les titulaires.
C'est toute l'histoire des enclosures : Le mouvement des enclosures a commencé en Angleterre au XVIe siècle. Des champs ouverts et pâturages communs étaient cultivés par la communauté. Mais un jour les seigneurs ont installé des clôtures. Oh! Ils avaient de bonnes raisons : l'ordre, la rentabilité, peut-être même le respect de la nature, encore que cela est à voir. Toujours est-il que d'un seul coup, les paysans n'avaient plus d'espace pour leurs pâturages. Il s'en est suivi un très fort appauvrissement de la population rurale de l'époque.
On assiste d'ailleurs aujourd'hui à des manœuvres absolument semblables : ce sont, par exemple, les Indiens Kayapos, chassés de leur territoire pour la construction du barrage Bela Monte en Amazonie.
3. La propriété privée n'a souvent aucune justification. On a parlé longtemps de la preuve diabolique. La preuve diabolique ou «probatio diabolica» est avant tout un concept théorique apparu avec le droit romain et consolidé au Moyen-âge pour désigner une preuve que «seul le diable pourrait apporter», car pour l'homme cette preuve est tout simplement impossible à rapporter.
En effet, théoriquement pour prouver son droit de propriété, l'acquéreur d'un bien devrait en théorie démontrer qu'il tient ce bien de quelqu'un qui était lui-même propriétaire (car personne ne peut transmettre plus de droit qu'il n'en a lui-même), lequel le tenait de quelqu'un qui était lui-même propriétaire, lequel le tenait lui-même de quelqu'un qui était propriétaire, etc...
Au Moyen-âge, la "probatio diabolica" du droit de propriété était une expression utilisée par des juristes pour désigner la charge incombant au demandeur lors d'une action en revendication, lequel ne peut se limiter à démontrer la validité de son titre d'acquisition de la propriété sur la chose revendiquée, mais doit reconstituer tout le chemin effectué par le bien préalablement à l'acquisition, jusqu'à ce que la chaîne parvienne à la propriété originelle.
À suivre.
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09/03/2014
Le zizi, la bandaison et l'entreprise II
Jeudi, quand j'ai recopié les idées d'Antoinette Fouque, j'ai été frappé par son allusion à la drogue. Elle associe son temps au temps industriel. Cela m'a rappelé un article de Stéphane Lauer dans Le Monde du 19 février (supplément Eco Entreprise p. 7). Tu peux remarquer en passant que c'est la troisième fois que je cite ce numéro du Monde1. Avoue que ça vaut le coup de payer 2€. Ce journal hyper bourgeois est quand même bourré d'idées. De ces idées qui font de ce début du XXIème siècle, les prémices d'un nouveau siècle des lumières.
Revenons à nos moutons. L'article parle d'un trader repenti qui a fait une confession dans une libre opinion du New-York Time. Ancien drogué aux vrais stupéfiants, il s'est sevré en spéculant. Avec des gains de plus en plus élevés (des doses de plus en plus fortes). Ce n'était pas le désir d'argent, mais le besoin de faire mieux que le collègue (mon zizi est plus gros que le tien !) . « Il s'agissait de pouvoir ! » dit-il. « [Il] découvre la hargne avec laquelle les traders défendent leur bonus [...]. Ils les compare à des héroïnomanes capables "de marcher pendant des kilomètres dans la neige, voler une grand-mère pour obtenir leur dose. Wall Street était comme ça. » Et ce sont ces individus qui dominent l'économie de notre planète !
Stéphane Lauer conclut en citant Robert Reich, professeur à l'université de Berkeley, dans un exercice de démolition des dogmes de nos néo-libéraux. Les riches sont créateurs d'emplois. Faux ! Réduire les impôts sur les bénéfices crée des emplois. Faux ! Le Saint-Esprit souffle sur nos éminences grises. Mais qui les écoute ?
Pierre Otchick.
1 Mes notes des 2 et 3 mars.
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