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15/08/2015

Proudhon, Jaurès et Gandhi

Rien ne se perd. Chassez le naturel, il revient au galop. Les écrits de Proudhon se perdent dans la nuit du temps. Ce n’est pas un hasard : la pensée unique nivelle tout. Et si elle est contestée, c’est pour tomber dans un autre dogmatisme. Tu en fais l’expérience tous les jours. Dès que tu critiques le capitalisme, on te répond que l’étatisme ne marche pas mieux, que le marxisme a prouvé ses défauts. Comme s’il n’y avait pas d’autre alternative ! Et des marxistes te diront que oui, puisqu'ils ont la vérité scientifique ! Bref, le débat stagne.

            Apparemment, oui. Mais c’est sans compter sur la pugnacité de Mère Nature. Mettez le naturel à la porte, il revient par la fenêtre. C’est le dernier livre de Jérémy Rifkin qui en apporte la preuve (La nouvelle société du coût marginal zéro, Les liens qui libèrent, 2015, 510 p., 26€). Cela fait des années que cet économiste intelligent – oui, ça existe – nous démontre que la Toile nous apporte une véritable révolution, et qu’il en décortique les effets aujourd’hui et à venir. Si je voulais résumer sa thèse en une phrase, je dirais que la Toile permettra la réalisation des idées de Proudhon. Evidemment, il ne le dit pas comme ça – aux Etats-Unis, l’anarchisme est encore plus tabou que le marxisme – mais c’est tout comme : il cite Gandhi. Il aurait pu citer Jaurès, mais il a eu la main heureuse. Ecoute plutôt (p. 162).

            L’indépendance doit commencer tout en bas. […] Chaque village doit s’autoalimenter et pouvoir gérer ses affaires, et même se défendre contre le monde entier. […] Cela n’exclut pas la dépendance de l’aide bien attentionnée des voisins ou du monde. Ce sera un jeu libre et volontaire de forces mutuelles. […] Dans cette structure composée d’innombrables villages, il y aura des cercles toujours plus larges mais jamais ascendants. La vie ne sera pas une pyramide où la pointe est soutenue par la base. Elle sera un cercle océanique dont le centre est l’individu.[…] La circonférence extrême n’exercera donc pas un pouvoir qui écrase le cercle intérieur, mais donnera force à tout ce qui se trouve en elle et en tirera sa propre force.

 

            Cela me parait une très belle définition de l’antropoarchie ou de l’anarchisme, comme tu veux.

 

Pierre Otchick.

17/07/2015

Les capitalistes se défendent

Avant-hier je parlais du réveil des citoyens. J'aurais peut-être du insister sur le rôle des journalistes d'investigation. Jour après jour, Médiapart, Arte... enfoncent le coin en révélant scandale après scandale. Les grands de ce monde ont vu le danger et trouvé la réponse à ces empêcheurs de tourner en rond. Je cite

« Bientôt, les journalistes et leurs sources pourraient être attaqués en justice par les entreprises s’ils révèlent ce que ces mêmes entreprises veulent garder secret. 

Sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, le législateur européen prépare une nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme, le "secret des affaires", dont la définition autorise ni plus ni moins une censure inédite en Europe.

Avec la directive qui sera bientôt discutée au Parlement, toute entreprise pourra arbitrairement décider si une information ayant pour elle une valeur économique pourra ou non être divulguée. Autrement dit, avec la directive "Secret des Affaires", vous n’auriez jamais entendu parler du scandale financier de Luxleaks, des pesticides de Monsanto, du scandale du vaccin Gardasil... Et j’en passe.

Notre métier consistant à révéler des informations d’intérêt public, il nous sera désormais impossible de vous informer sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique de nos pays. Les reportages de "Cash Investigation", mais aussi d’autres émissions d’enquête, ne pourraient certainement plus être diffusés.

Avec ce texte, un juge saisi par l’entreprise sera appelé à devenir le rédacteur en chef de la Nation qui décide de l’intérêt ou non d’une information. Au prétexte de protéger les intérêts économiques des entreprises, c’est une véritable légitimation de l’opacité qui s’organise.

 

Si une source ou un journaliste "viole" ce "secret des affaires", des sommes colossales pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des milliards d’euros, puisqu’il faudra que les "dommages-intérêts correspondent au préjudice que celui-ci a réellement subi". On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays.»

15/07/2015

L'état, la mondialisation et l'entropie

Il y a 3 semaines, Télérama a posé LA question du siècle1 :« Que devient l'État devant la mondialisation ? ». Philosophes, sociologues, économistes cherchent à y répondre. Mon magazine préféré cite pas moins de 5 livres sur la question, parus ou à paraître. Ce qui me fait plaisir, parce que ça me conforte dans mon idée que le XXIème siècle est le nouveau siècle des lumières. L'inconvénient c'est que, quand j'y pense, je repars dans mon délire favori. Celui sur l'entropie.

Fidèle lecteur, tu te souviens peut-être de ma note « Le temps, la science, l'entropie et l'anarchie ». Ma fille m'a dit que c'était la plus farfelue de toutes. Tous ces livres apportent de l'eau à mon moulin. Je m'explique. Toute l'évolution de la société est dominée par l'opposition de deux forces que mon ami Tournesol a baptisées centripète et centrifuge.

La première domine le monde depuis toujours. C'est le pouvoir : l'état, le capital, les banques, le savoir...Depuis la monarchie, l'état règne sans conteste. L'exorbitant pouvoir de notre Président est loin d'être démocratique. Mais il est battu en brèche par la loi du marché au niveau mondial : les multinationales ont plus de pouvoir que lui. Sans parler du FMI et de la Banque Mondiale. L'autre nuit, ils viennent d'enculer le Premier Ministre grec. Non, le mot n'est pas trop fort : la preuve est encore faite que même la démocratie que je critique tant, n’existe plus.

La deuxième vient du citoyen. Ses revendications s'expriment par ses associations, syndicats, manifestations, réseaux numériques... Un peu aussi, mais de moins en moins, par les partis politiques et le vote. La tranche la moins favorisée de la population l'a bien compris puisqu'elle ne vote plus. Mais tout cela est en pleine évolution. Je cite Télérama.

Dans son livre Commun2, écrit ions de communs à tous les niveaux, avec le philosophe Pierre Dardot, Chhristian laval met en avant le retour du citoyen actif, impliqué dans tous les domaines dee la vie quotidiuenne, logement, santé, éducation, énergie. Les eeux auteurs motrent comment ce mouvement du 'commun', érigé en principe politique selon lequel les participants énoncent eux-même leurs règles de fonctionnment, peur devenir une alternative aux systèmes représentatifs actuels. Ils imaginent des fédérations de communs à tous les niveaux, jusqu'à l'échelle mondiale.

C'est curieux, ça me rappelle drôlement Proudhon. Je continue la citation.

« Nous espérons, précise Christian Laval, que des juristes, des politiques, des associations se saisissent de cette idée pour inventer, envisager quelles pourraient être les institutions les plus viables. C'est ainsi que se créent des mondes politiques nouveaux ». Dans un tel cadre, l'État et les administrations, les collectivités locales, les grandes métropoles, seraient pris dans un ensemble d'interdépendance et d'interactions, échangeant expérience et réflexions.

On a le droit de rêver, mais, après tout, le suffrage universel était un rêve ! L'entropie de la société serait-elle en train d'augmenter brusquement ?Alors, y a de l'espoir. Je vais attendre un petit peu avant de me suicider !

 

2 Commun. Essai sur la révolution au XXIème siècle, Pierre Dardot et Christian Laval, La Découverte, 2014