02/01/2013
Les terriens sont-ils radins !
Avaaz lance une campagne pour récolter des fonds. Toutes ses démarches coutent cher. Il lui faut un système informatique puissant ne serait-ce que pour résister aux attaques dont il est victime. Et sur les 17 millions d’adhérents savez-vous combien il y a de donateurs ? 30.173 ! Soit moins de 2 pour 1000 ! Il y a de quoi émettre un doute sur la générosité des terriens. Ne soyons pas trop durs : Les terriens sont généreux : Arte vient de parler d’une banque coopérative espagnole qui crée des emplois rien qu’avec l’épargne de ses clients. Alors ? Peut-être les adhérents pensent-ils qu’Avaaz a plus besoin de signatures que d’argent ! Peut-être sont-ils simplement débordés par tous les petits prélèvements qu’ils ont déjà autorisés pour diverses bonnes causes. Alors, si ce n’est pas votre cas, 10 euros par mois, ça coute juste… une ligne de plus dans votre comptabilité !
Au début, ce n’étais pas d’argent dont je voulais vous parler. Ce sont ces lignes de l’appel qui ont attiré mon attention.
Quelque chose d'énorme est en train de se passer. De la place Tahrir à Wall Street, des journalistes-activistes d'Avaaz en Syrie aux millions de citoyens qui se mobilisent avec succès sur Internet, la démocratie est en mouvement. Pas le modèle démocratique du passé, corrompu, mis en scène dans les médias et qui se contente d'un vote tous les 5 ans. Quelque chose de bien plus profond. Car au plus profond de nous-mêmes, nous prenons conscience de notre capacité à construire le monde dont nous rêvons.
Nous n'avons pas beaucoup de temps pour bâtir ce monde. Notre planète est menacée par plein de crises - crise climatique, crise alimentaire, crise financière, prolifération nucléaire... Ces crises pourraient nous diviser ou bien nous unir plus que jamais. C'est le défi de notre temps, et son dénouement nous dira si nos enfants vivront dans un monde plus sombre ou plus harmonieux
Pierre Otchick
20:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/01/2013
Bonne année 2013, c’est possible ?
Fernand Comte nous a envoyé ses bons vœux. Comme d’hab, je n’ai pas pu résister à la tentation de vous en communiquer de larges extraits.
A l’occasion de ce début d’année, j’ai envie de vous faire partager à la fois souvenir et sentiment.
C’était en 1985. (…) J’avais travaillé avec Joffre Dumazedier, alors professeur à Paris V. [Il] avait réalisé en 1962, avec ses étudiants un livre qui avait eu un énorme succès « Vers une civilisation des loisirs ». Il y développait entre autres ce thème des trois D (délassement, divertissement, développement) nécessaires au travailleur, autant de sujets importants pour l’épanouissement de l’homme dans la société. Nous étions dans le projet de bien vivre, plutôt que du gagner plus.
(…) ce n’est qu’en 1841 que le temps de travail des enfants de moins de douze ans a été limité à 12 heures par jour, puis en 1848 à 6 heures. (…). Pour les adultes, la semaine de 48 heures et la journée de 8 heures ont été fixées en 1919. Mais la grande réforme à ce sujet a été réalisée en 1936 à la suite de l’arrivée au pouvoir du front populaire et de grandes grèves nationales : la semaine de travail fut alors de quarante heures et, innovation révolutionnaire, il était établi quinze jours de congés payés. (…) A la suite de cette décision R. Dommange prévoit faillites nouvelles et liquidation d’entreprise (…)
Il n’en fut rien. Les progrès de la productivité ont toujours rapporté plus aux employeurs qu’aux employés. Et ces mesures n’ont en rien ralenti la productivité.
Plus tard on a voulu imposer les trente-cinq heures en 98 et 2000 (…). Mais le patronat ne l’a pas vu de cet œil (…). Pas ou peu d’embauche supplémentaire, mais surtout nouvelle gestion du personnel. Il faut dire que l’on n’était plus comme en 36 où la lutte des classes, c’est-à-dire en fait la grève générale avait fait la pression maximale. Cette réduction des heures de travail est devenue une compression du travail d’où stress, souffrance au travail, voire suicides. (…)
Cela a été une sorte de révolution à l’envers. Alors que depuis des années on assistait à une réduction systématique des conditions d’exploitation des humains, on assiste maintenant à « un grand bond en arrière » comme dit Serge Halimi.
(…) On parle de compétitivité mondiale (…): faire le plus de profit possible pour attirer les capitaux. On devra donc peu à peu faire pire que les plus grands exploiteurs du monde. Ainsi parle-t-on du coût trop élevé du travail, pour ne pas dire franchement que les salaires sont trop élevés (sauf d’ailleurs ceux des gros chefs d’entreprise), que l’on ne travaille pas assez (sauf qu’il y a presque que 10 % de travailleurs au chômage).
(…) C’est la loi du plus fort. Jadis c’était la force physique qui s’imposait. Les rois en ont profité au maximum allant jusqu’à prétendre que Dieu en avait disposé ainsi. Il a fallu des révolutions pour les abattre. Maintenant le plus fort c’est le plus riche et il s’impose de la même manière prétextant que c’est là une loi de la nature. La question qui se pose : où en est-on au sujet de la démocratie ? (…)
Pierre Otchick.
19:01 | Lien permanent | Commentaires (0)
31/12/2012
Prions pour le retour de la Sainte Croissance… II
J’ai des excuses à présenter à Michel Morel pour ne pas avoir répondu plus tôt à son commentaire du 21 sur la pensée du jour d’André Gortz. Il méritait plus qu’un simple « merci, entièrement d’accord ! » Alors, j’ai pris mon temps. La question qu’il pose est en effet LA question du siècle. Elle mériterait d’être développée sur un tome entier ! Je vous la redonne intégralement.
Dans le même ordre d'idées : le "du coup" du journaliste
entendu ce matin 21/12/12 sur France-Inter : « l'INSEE prévoit une année 2013 noire. Elle prévoit en effet une croissance quasi-nulle en 2013 et du coup une destruction massive d'emplois. »
Le "du coup" est grave. Il laisse entendre une conséquence évidente alors qu'il s'agit d'une conséquence anormale d'un système économique mal fichu. Un système qui a besoin d'une instabilité – la croissance – pour générer la stabilité – de l'emploi. Un système absurde qui ne peut pas durer puisqu'une croissance permanente ne peut pas durer.
L'économiste qui trouvera comment générer de la stabilité avec de la stabilité – croissance zéro – méritera largement le prix Nobel. Et s'il sait maintenir la stabilité de l'emploi avec une décroissance, même modérée, de la production, c'est encore mieux, il méritera un double prix Nobel !
La condamnation du système ultralibéral est sans appel. Ses défenseurs affirment qu’un licenciement local est compensé par l’économie réalisée. Cet argent va être dépensé ailleurs et donc créer de nouveaux emplois. Vous imaginez tout ce que cela exige de présupposés. En particulier, un brassage des emplois qui n’existe qu’avec une forte croissance (7%par an pendant les 30 glorieuses). Le libéralisme sauvage ne marche donc pas. La solution est dans une économie concertée (donc libérale, pas dirigiste mais une liberté contrôlée !).
André Gortz propose une solution : une méga concertation locale pour organiser l’économie en fonction des besoins, des vrais, pas ceux créés artificiellement par la pub. Utopiste ? Pas tant que ça. Regardez ce qui se passe en Grèce. Les gens commencent à se réorganiser à la base, avec des circuits de solidarité basés sur une distribution directe. La solution ne viendra peut-être pas d’un intellectuel génial, mais d’expériences menées la base. Ça pourrait être mes vœux pour 2013.
Pierre Otchick.
Bonne année révolutionnaire, pacifique et solidaire !
20:09 | Lien permanent | Commentaires (0)